Par Stive Roméo Makanga
Il est, à n’en point douter, le meilleur joueur gabonais de tous les temps, évoluant en Europe. Aucun autre avant lui n’avait atteint ce niveau. Pierre Émerick Aubameyang, queue entre les jambes, a été poussé vers la porte de sortie de la Can Total Energies 2021 par sa propre sélection, pour des raisons assez obscures, qui ont jusqu’ici du mal à convaincre.
A seulement 32 ans, Pierre Emerick Aubameyang est un footballeur professionnel dont on ne doute plus du talent. Il a fait les grands clubs : Borussia Dortmund, Arsenal (faisant de lui la recrue la plus chère de l’histoire du club londonien) et bien d’autres. Il est détenteur de la plus belle récompense dont un footballeur puisse rêver au cours de sa carrière, le ballon d’or, obtenu devant le très opiniâtre et excellent Yaya Touré en 2016.
Bien qu’il s’était agi d’un exploit individuel, mais il n’en demeure pas moins que ce seul sacre a porté très haut, puisqu’il ne l’avait jamais été dans cette discipline, le nom du Gabon à l’international. Ce qui représente, de façon indirecte, un gain pour le pays, désormais considéré, à juste titre d’ailleurs, comme une grande nation du football.
Tout ceci, le Gabon le doit à un Aubameyang, qui a fait le choix de porter les couleurs de la nation gabonaise, ce, nonobstant toutes les historiettes, souvent désobligeantes qu’ont vécu certains avant lui.
Aubameyang senior et junior ont mis des œillères, au-delà de toutes les incertitudes qu’ils pouvaient avoir, pour représenter à chaque fois que cela était possible, la nation gabonaise.
Mais qu’ont-ils récolté ?
Double et peut-être même quintuple déception
L’une des meilleures récompenses que puisse attendre un footballeur du rang et du niveau de Pierre Emerick Aubameyang, en sélection nationale, outre le fait de remporter le sacre finale, reste certainement la reconnaissance de la nation qu’il représente.
Sans atermoiements et sans langue de bois, le choix de porter les couleurs de la sélection nationale est un choix patriotique.
Certes, les exigences des populations sont légitimes, mais à cela il faudrait peut-être y apporter de la tolérance, au regard de la difficulté que représente très souvent les compétitions qui se succèdent au niveau continental.
Malgré leurs prouesses en club, les très excellents joueurs comme Didier Drogba (2002-2014 en sélection nationale) et même André Ayew (depuis 2009 avec la sélection nationale), Sadio Mané (depuis 2012 avec la sélection nationale) au plan Africain, n’ont jamais pu arracher un seul titre.
Ils ont donné de leurs tripes, mais cela n’a jamais suffi. Leurs prestations, à la lisière de l’incommensurable, se sont toutes si souvent heurtées au mystère que représente à elle seule une compétition de ce type.
En faire tout un procès à Pierre Emerick Aubameyang, l’éjecter comme il l’a été, lui et Mario Lémina, comme des brebis galeuses, relève quelque peu de la mauvaise foi.
L’on aurait souhaité les voir plus décisifs, plus investis, plus opiniâtres, mais parfois la réalité peut-être fortement suggestive.
Si l’on peut lire la frustration de PEA quelques heures seulement après la publication des motifs supposés vrais de leurs évictions par notre confrère L’Union, il faut croire que c’est toute la famille Aubameyang qui a accusé le coup. Aubameyang sénior, Willy et Catalina Aubameyang, sans oublier Margarita Crespo, la mère du footballeur, n’ont pas dû être très gais.
C’est la politique qui tue le sport gabonais…dans sa globalité
Défendre la patrie par le sport est une chose complexe. On est vite heurté aux relents nauséabonds de la politique, ceux des tenants du Palais Rénovation, plus exactement.
Les actes d’indisciplines imputés à Mario Lémina et Pierre Emerick Aubameyang ne tiennent en réalité qu’à un fil. Si Patrice Neveu, le sélectionneur national a pris le soin de préciser que les deux cadres gabonais avaient été remis à la disposition de leurs clubs respectifs pour des raisons de santé, une rumeur, tenue pour vraie parce que publiée par le journal progouvernemental L’Union, a couru comme une trainée de poudre.
L’on a appris que les deux panthères avaient fait la fête et se seraient même pourvus en « prostituées », alors que se dispute toujours la Can Total Energie. Une information qui, selon notre confrère, aurait été gracieusement donnée par un membre (non identifié) de l’encadrement technique.
On a cru sur paroles. Et si cette information relevait d’une pure machination ? Et si tout ceci était faux ? D’ailleurs, où sont les preuves ? Autant de problématiques jusqu’ici non élucidées.
En attendant, l’Aubameyang bashing va bon train. Avec les prouesses des poulains de Patrice Neveu, et plus particulièrement de Jim Emilien Ngowet Allevinha, la belle révélation de cette compétition africaine, 2 matchs disputés et déjà deux buts, les diatribes sur l’ancien capitaine des panthères ne démordent plus.
Une chose est certaine. Quelles qu’aient pu être les « piètres » prestations d’Aubameyang en sélection nationale, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un grand footballeur et que, tout compte fait, il est presque probable que le nouveau messie des panthères subisse lui aussi, au moment où sa forme se révélera insipide, les pires assauts des populations du reste si amnésiques, si frivoles.