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Législatives et locales 2025: le BDC démasque le « faux parti » de Gervais Oniane

Par Stive Roméo Makanga

Le climat politique gabonais s’est enflammé ce dimanche 15 septembre 2025 au siège du Bloc Démocratique Chrétien (BDC), à Ozangué, dans le 5e arrondissement de Libreville. Sa présidente, Anna Claudine Mavioga, née Ayo Assayi, est sortie de son silence pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « sorcellerie politique » orchestrée par l’Union Pour la République (UPR), le parti dirigé par Gervais Oniane, Haut Représentant Personnel du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Selon la veuve de Guy Christian Mavioga, l’UPR aurait entrepris, par l’entremise de son leader, une série de recours auprès des juridictions compétentes visant l’annulation des listes de certains partis engagés aux législatives et locales prévues dès le 27 septembre prochain. Pour la cheffe de file du BDC, cette démarche s’apparente à de la « sorcellerie politique », tant elle viole les principes élémentaires de loyauté et de transparence démocratique.

En effet, la présidente du BDC a révélé que l’UPR, version Gervais Oniane, n’aurait en réalité aucune existence légale. D’après elle, le véritable UPR est un parti dûment reconnu par le ministère de l’Intérieur, et son propriétaire n’est autre que Paulin Otogho, compatriote gabonais en possession de tous les documents juridiques et administratifs.

Toujours selon ses propos, Gervais Oniane aurait tenté, sans succès, de racheter ce parti légalement constitué. Les négociations, entamées bien avant le dépôt des candidatures, auraient échoué faute d’accord complet. Ce n’est qu’après un arrangement conclu le 1er août 2025 que Gervais Oniane aurait pu, in extremis, déposer des listes de candidats dans les délais impartis (27 juillet-7 août 2025).

Dans cette confusion, l’UPR a engagé plusieurs procédures contre d’autres formations, dont le BDC. Le 29 août 2025, une requête a été introduite au greffe du tribunal administratif pour contester la candidature de dame Koumba Mouloungui, présentée par le BDC. L’UPR affirmait que cette dernière était militante dans ses rangs et ne pouvait briguer un mandat sous une autre bannière.

Une vue de l’accord conclu entre Gervais Oniane et le véritable propriétaire de l’UPR

Or, dame Mouloungui avait démissionné depuis le 23 mai 2025 d’un parti qui, rappelons-le, n’existait pas légalement et demeurait inconnu des fichiers officiels. Pour le BDC, cet argumentaire s’effondre de lui-même et relève d’une stratégie de diversion.

Ici, le fichier du Ministère de l’intérieur confirme bien le véritable propriétaire de l’UPR (ligne 2)

Forte de ces éléments, Anna Claudine Mavioga exige non seulement l’invalidation des recours initiés par l’UPR, mais également le retrait pur et simple des listes de ce parti « illégal » des élections à venir. La présidente du BDC s’interroge avec gravité sur l’attitude de Gervais Oniane, un collaborateur direct du chef de l’État, qui n’a pas hésité à prendre part à des événements d’envergure nationale, organisés durant la Transition, sous l’étiquette d’un parti juridiquement inexistant.

Il faut dire que cette situation, pour le moins ubuesque, interpelle directement les plus hautes autorités de la République. Comment un proche du président de la République peut-il se permettre de fouler aux pieds les règles de la démocratie tout en surfant sur sa proximité avec le sommet de l’État ?

Ce scandale révèle une contradiction dangereuse : alors que le Gabon s’apprête à tourner une page cruciale de son histoire politique par l’organisation d’élections pluralistes, des pratiques opaques et démagogiques ternissent déjà le processus.

En dénonçant avec force cette imposture, le BDC appelle le président Brice Clotaire Oligui Nguema à réagir fermement pour ne pas laisser prospérer des comportements anti-démocratiques au sein même de son entourage rapproché. À défaut, l’image de la Ve République et la confiance des populations dans la sincérité du scrutin risquent d’en sortir durablement fragilisées.

Nous y reviendrons.

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