Par Jimmy Mandoukou
Vendredi dernier, le 19 juillet, s’est tenue à la bibliothèque universitaire de l’université Omar Bongo, la présentation et la dédicace du livre « Les crimes rituels au Gabon, approche criminologique et judiciaire du phénomène » d’Eddy Narcisse Minang. L’événement s’est déroulé en huit étapes, avec des discours de Steve Robert Renambo, Secrétaire Général de l’Université Omar Bongo, et de Jean Elvis EBA ONDO, président de l’association de lutte contre les crimes rituels.
Steve Robert Renambo a exprimé sa gratitude envers l’auteur pour avoir choisi l’université comme lieu exclusif de présentation de son ouvrage. Il a également souligné l’importance de la question des crimes rituels, qui constituent un véritable problème de société interrogé dans les domaines du droit, de la sociologie et de l’anthropologie. Pour lui, l’approche criminologique et judiciaire adoptée par l’auteur permettra de soumettre ce phénomène à la rigueur de l’analyse et de contribuer activement à une meilleure appréhension du crime actuel dans ses fondements culturels, son monde littératoire, son mobile, mais aussi sa qualification pénale.
Jean Elvis EBA ONDO a salué le courage et l’engagement de l’auteur dans la lutte contre les crimes rituels. Il a rappelé que ce phénomène existe dans la sous-région d’Afrique centrale, en Tanzanie, en Ouganda, au Nigeria et au Gabon, où il devient de plus en plus banal. Il a également souligné l’importance de la publication de cet ouvrage pour répondre aux besoins des populations gabonaises et pousser les parlementaires à rectifier le code pénal et durcir la loi.
Eddy Narcisse Minang a présenté son livre, fruit de plusieurs années de recherche couronnées par une thèse de doctorat soutenue à l’université Paris-Panthéon-Assas. Il a remercié les autorités universitaires, ainsi que tous ceux qui ont contribué à la réalisation de son ouvrage, notamment son directeur de thèse, Édouard Verny. Il a expliqué que son intervention s’articulerait autour de trois points : les raisons et motivations qui l’ont conduit à se lancer dans ce projet, le choix méthodologique et les obstacles rencontrés dans le cadre de ses recherches, et enfin les principaux résultats et apports de son travail.
Dans son discours, Eddy Narcisse Minang a expliqué que le choix de ce sujet sensible a été motivé par des raisons d’ordre personnel, social et sensuel. Il a traité plusieurs dossiers de crimes rituels dans le cadre de ses fonctions antérieures et a été bouleversé par l’impunité dont ont bénéficié certains commanditaires. Il a également évoqué la psychose collective créée par les réseaux sociaux autour de ce phénomène, qui construit l’équilibre, la divinité et les ressources.
L’auteur a expliqué avoir rencontré plusieurs difficultés dans le cadre de ses recherches, notamment la participation pertinente exprimée par Pierre Bourdieu, qui consiste à avoir un regard neutre et objectif lors de la construction d’objets. Il a également évoqué l’obstacle épistémologique développé par Gaston Bachelard, qui dit les obstacles liés à l’acquisition des connaissances. Dans le cadre de ses recherches, les principaux obstacles ont été la mauvaise tenue des archives judiciaires et policières, ainsi que l’insuffisance de ressources documentaires.
Eddy Narcisse Minang a divisé son livre en deux parties, chacune sous-divisée en deux titres et comprenant deux chapitres. La première partie aborde les considérations théoriques et pratiques inhérentes aux crimes rituels au Gabon, tandis que la deuxième partie est consacrée aux aspects judiciaires. Il propose également des recommandations destinées à éliminer les faiblesses constatées, notamment l’impunité et l’égard des communautés.
Selon l’auteur, les deux principaux apports de son livre sont d’avoir contribué à une meilleure compréhension de ce phénomène en abordant tous les aspects, y compris les aspects juridiques et judiciaires, et d’avoir démontré que le crime rituel est un crime sur commande, indissociable de la finalité politique. Il relève que 98% des personnes citées comme commanditaires dans les dossiers de crimes rituels sont issues de l’amérino politique et que jusqu’à ce jour, aucun de ces commanditaires n’a encore été jugé. Il esquisse des solutions allant dans le sens de l’amélioration du fonctionnement de l’exécution répressive, mais surtout de la consolidation de l’indépendance de la justice au Gabon.
La présentation et la dédicace du livre « Les crimes rituels au Gabon, approche criminologique et judiciaire du phénomène » d’Eddy Narcisse Minang ont permis de mettre en lumière l’importance de la question des crimes rituels et la nécessité de lutter contre ce phénomène. L’ouvrage propose une approche criminologique et judiciaire innovante et apporte des solutions concrètes pour améliorer la lutte contre les crimes rituels au Gabon.