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Libreville, l’une des villes les plus chères d’Afrique : une réalité expliquée par plusieurs facteurs

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Selon le classement 2022 de Mercer, Libreville, capitale du Gabon, se distingue comme l’une des villes les plus chères non seulement en Afrique, mais également dans le monde, et se positionne au 24e rang mondial. Cette place la situe juste après Bangui (23e), et bien avant des villes africaines telles que Victoria (38e), Djibouti (41e) ou encore Kinshasa (53e). Qu’est-ce qui explique ce coût de la vie élevé à Libreville, surpassant même celui de certaines métropoles internationales ?

Les facteurs de l’augmentation du coût de la vie à Libreville

Le coût de la vie à Libreville est influencé par plusieurs facteurs interconnectés. L’un des principaux éléments est le prix élevé du logement. En effet, le prix moyen d’un appartement en centre-ville atteint environ 1 932 € par mois, soit 37 % de plus que dans des villes françaises comparables. Cette inflation immobilière, exacerbée par une demande supérieure à l’offre, fait du logement un défi pour de nombreux résidents, qu’ils soient locaux ou expatriés.

Un autre facteur crucial est le prix des biens de consommation courante. À titre d’exemple, le prix du lait à Libreville est de 2,4 € par litre, bien au-dessus de la moyenne observée dans d’autres pays de la région. Les produits alimentaires, en particulier ceux importés, subissent une majoration des prix en raison des coûts logistiques et douaniers. Cette dépendance aux importations fait grimper les prix des biens de consommation, créant un fardeau pour les habitants.

Dépendance aux importations et inflation

La forte dépendance de Libreville vis-à-vis des importations est l’une des raisons majeures de cette cherté. En 2023, le Gabon a enregistré des importations totalisant environ 1 973,5 milliards de FCFA, soit environ 3 milliards d’euros, ce qui représente une augmentation de 14,5 % par rapport à l’année précédente. Ces importations concernent principalement les biens d’équipement (38,8 %), les biens intermédiaires (25,3 %) et les produits alimentaires (19,4 %). La France reste le principal fournisseur, suivie par la Belgique et la Chine, et près de 49 % des importations du Gabon proviennent d’Europe.

Cette dépendance aux marchés extérieurs explique en partie les prix élevés, car toute fluctuation des coûts des transports, des taxes à l’importation ou des prix internationaux des matières premières a un impact direct sur les consommateurs gabonais. De plus, l’inflation globale affecte particulièrement les produits alimentaires et de première nécessité. Ce qui augmente davantage la pression sur les ménages.

Une situation qui impacte les résidents et expatriés

Cette combinaison de facteurs – logements coûteux, prix des denrées alimentaires, inflation, et dépendance aux importations – fait de Libreville l’une des villes les plus chères pour les expatriés, mais également pour les résidents. Cette réalité est d’autant plus frappante dans un contexte où les salaires n’augmentent pas au même rythme que le coût de la vie. Ce qui contribue à créer des disparités économiques significatives.

En outre, les infrastructures locales peinent parfois à répondre aux besoins croissants, et le manque de production locale accentue cette dépendance aux importations, qui pèse lourdement sur le portefeuille des Gabonais. Bananes, pommes de terre, oignons, gingembre et consorts sont importés.

Le rôle du CTRI dans la diversification de l’économie

Face à cette situation économique pesante, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris des mesures pour encourager la diversification de l’économie gabonaise. Le CTRI veut réduire la dépendance du pays aux importations, notamment dans les secteurs alimentaires et industriels, en favorisant le développement d’une production locale plus robuste. Cela passe par des réformes structurelles qui encouragent l’investissement dans l’agriculture, l’agro-industrie, et la transformation des matières premières locales. Ces initiatives sont cruciales pour diminuer les prix des biens essentiels sur le marché gabonais et atténuer l’impact de l’inflation sur les ménages car disons-le, les populations peinent à se nourrir convenablement.

En parallèle, le CTRI s’efforce également de renforcer les infrastructures logistiques pour réduire les coûts de transport des produits au sein du pays, tout en facilitant l’approvisionnement des marchés intérieurs. La diversification économique prônée par Brice Clotaire Oligui Nguema pourrait à terme alléger le poids financier que représente actuellement la vie à Libreville, en stimulant une économie plus résiliente et moins vulnérable aux fluctuations du marché international.

Assouplir le panier de la ménagère : un impératif social

Outre la diversification économique, le CTRI a aussi mis l’accent sur l’assouplissement du panier de la ménagère, qui souffre particulièrement des prix élevés des biens de première nécessité. Des mesures d’urgence ont été prises pour contrôler et réguler les prix des produits alimentaires de base, comme les huiles, le riz, et les produits laitiers, afin de garantir un accès abordable à ces denrées pour les ménages les plus vulnérables. Le contrôle des importations, associé à la stimulation de la production locale, vise ainsi à stabiliser les prix sur le long terme.

Ces initiatives, soutenues par le gouvernement de transition, visent à répondre directement aux préoccupations des Gabonais, en créant un environnement économique plus juste et en allégeant le coût de la vie pour les résidents de Libreville et au-delà. L’enjeu est de taille : assurer que les réformes économiques profitent à tous, en particulier à ceux qui souffrent des hausses continues du coût des biens de première nécessité.

Libreville, malgré ses nombreux attraits en tant que capitale économique et politique, reste une ville où le coût de la vie est particulièrement élevé. Pour réduire cette pression économique, une diversification de l’économie, une meilleure gestion des importations et le développement de la production locale pourraient constituer des solutions à long terme. Toutefois, en attendant, la ville continue d’être un défi pour ceux qui y vivent, qu’ils soient locaux ou étrangers, en raison des prix élevés sur tous les plans.

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