Nous sommes nombreux à voir dans la ville un “fou”, ou une “folle” dont nous sommes souvent loin d’imaginer ce que la vie de ce dernier a été. Mais comme on dit, chaque homme a une histoire, et les fous en ont une aussi.
Aujourd’hui, c’est l’histoire d’Agnès (c’est un emprunt) qui nous intéresse. Une anecdote singulière, qui donne froid dans le dos.
Pour Agnès et ses frères, la vie n’est pas tendre. Les difficultés et les échecs vont vite la persuader, en tant qu’aînée, de chercher une solution urgente. De fil en aiguille, une amie à Minvoul lui parlera d’un nganga, qui aurait selon toute révélation, la capacité de trouver des solutions aux problèmes réputés insolubles.
Dans un village dont nous taierons le nom par égard pour les populations de cette partie du Gabon, Agnès s’y rendra, accompagnée de son amie.
Après qu’elle eut expliqué tout l’objet de sa visite à son interlocuteur de nganga, ce dernier lui demandera si elle voulait revoir son père défunt.
Face à une telle proposition, Agnès n’hésitera pas. Jadis, il avait été tout pour eux.
Figure paternelle de premier plan, homme de caractère et de raison, qui s’occupait de sa famille avec la plus parfaite dévotion, le défunt devait apporter à sa fille des orientations précieuses pour (enfin) sortir de la misère.
C’est du moins ce à quoi s’attendait Agnès, excitée par cette possibilité.
Après quelques incantations du nganga, la jeune femme, assise dans la pièce principale, vit son défunt père entrer dans la pièce.
Après s’être assis quelques mètres près de son invocateur, il entama :
– Que puis-je faire pour toi, ma fille?
– Je t’ai fait appeler pour te poser quelques questions. Mes frères et moi souffrons. Aucun de nous n’a une situation stable. Les parents des autres, lorsqu’ils décèdent, reviennent dans les songes leur apporter des richesses, des sacs d’argent, le bonheur etc.
Agnès exprima son mécontentement au silence de son père depuis son décès.
Elle présenta toute sa frustration, sans oublier son besoin urgent de changer de vie.
Le mort, resté silencieux pendant toute l’intervention de la jeune femme, prit la parole:
– C’est pour cela que tu m’as dérangé de mon repos? Pour m’expliquer des bêtises ? J’ai travaillé toute ma vie. Je vous ai laissé des terres et une maison à toi et tes frères. Je vous ai élevé sans l’aide de personne.
Et tu voudrais qu’en plus de tout cela je viennes encore faire quoi?
Des réponses qui ne furent pas du goût d’Agnes, révoltée.
Malgré les interventions du nganga, qui souhaitait ramener l’ordre, rien n’y faisait.
Outré, le mort porta une gifle à sa fille, criant:
– Impolie!
Ce sur quoi, la séance médiumnique s’arrêta.
Du témoignage que nous avons eu, c’est depuis cet épisode que la vie d’Agnes bascula véritablement dans le chaos.
Son état psychologique se dégrade considérablement, jusqu’à ce qu’elle perdit toute la raison.
Même si Agnès a suivi des séances de bains et de traitement à l’indigénat et que son état se soit amélioré, une vérité vieille comme le monde demeure: ” La marmite dans laquelle on a préparé l’éléphant, l’odeur reste toujours”.
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