Par Joseph Mundruma
S’achemine-t-on vraiment vers des élections aux lendemains apaisés tel que souhaité par les populations, ainsi que l’ensemble de la communauté internationale ? À l’évidence non, tant les événements en cours ces dernières 24 heures ont laissé transparaître tous les signes évidents d’un embrasement à venir.
Pourtant, par l’organisation d’une concertation réunissant l’ensemble des partis politiques de la majorité et de l’opposition, Ali Bongo Ondimba avait garanti de tout mettre en œuvrere pour la préservation d’un climat social et politique saint, et que les dures épisodes de 2016 ne soient plus qu’un lointain souvenir.
“J’ai entendu l’appel de mes compatriotes, notamment des acteurs politiques de la majorité et de l’opposition, demandant l’organisation d’une rencontre pour définir les bases de la préparation de scrutins aux lendemains apaisés. En tant que garant de la stabilité de notre pays, je peux vous assurer que cette rencontre aura lieu dans les meilleurs délais”, avait alors déclaré le président de la République, dans ses vœux à la nation, le 31 décembre dernier.
Cependant, le projet de modification du code électoral alors même que la date des scrutins est imminente, moins de deux mois, jette les bases des contestations, protestations, et donc de troubles certains.
A-t-on besoin de modifier le code électoral maintenant, alors que tous les points relatifs aux scrutins en République gabonaise ont fait l’objet de discussions profondes au cours de la concertation de février dernier? La réponse est évidente.
Alors, pourquoi engager un projet de modification maintenant, sachant que celui-ci créerait l’indignation de tous?
“A l’issue des travaux d’une grande qualité et d’une grande dignité, vous avez formulé de nombreuses propositions. Des propositions de nature à permettre au Gabon de tenir des élections dans la paix et la sérénité. Ces propositions sont le fruit de concessions, faites de part et d’autre. Elles sont frappées du sceau du respect mutuel entre la Majorité et l’Opposition”, avait pourtant déclaré Ali Bongo Ondimba.
Aujourd’hui, il serait tout naturellement déplacé de changer les règles. Dans son discours, le chef de la Majorité républicaine et sociale pour l’Émergence (MRSE) avait pourtant été formel: “les propositions que vous avez formulées, seront, dans le strict respect des règles, retranscrites dans notre droit positif, sous forme de lois ou autres”.
Et: “Pour m’assurer, vous assurer, de l’effectivité de cette retranscription, un comité de suivi sera mis en place. Sa vocation est double : veiller à ce que toutes, je dis bien toutes les propositions soient prises en considération ; et veiller à ce qu’aucune, je dis bien aucune, proposition ne soit dénaturée”.
Or, depuis l’annonce d’une révision du code électoral, c’est toute la sincérité d’Ali Bongo Ondimba qui est remise en cause.
Voici qui devrait émulsionner les passions, et contribuer à créer un climat délétère dans le pays.
D’ailleurs, il faut lire entre les lignes le passage de certains leaders de l’opposition au Sénat.
Qu’il s’agisse d’Alexandre Barro Chambrier, René Ndong Sima, Mike Jocktane, Bertrand Zibi ou Paulette Missambo, “il n’est pas question de laisser cette modification se faire”.
De fait, vers quoi s’achemine-t-on ? Les prochains jours devraient être fortement tumultueux.