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Ogooué-Ivindo : les Fang de Booué, la voix oubliée d’un département

Par Joseph Moundruma

Dans le tumulte de la politique gabonaise, un silence résonne avec une inquiétante constance : celui des Fang de Booué, communauté marginalisée au cœur de l’Ogooué-Ivindo. Depuis l’indépendance du pays, cette ethnie du canton Nke, pourtant fervente dans son soutien aux gouvernements successifs, semble condamnée à l’ombre des décisions stratégiques et à des rôles secondaires dans l’échiquier politique local.

« Depuis le départ des colons, certaines ethnies, comme les Saké, Kota et Ndambomo, se sont approprié Booué comme un terrain avec titre foncier », dénonce un notable Fang de la région, amer devant l’exclusion systématique de sa communauté. Les chiffres le confirment : ministres, directeurs généraux, députés titulaires, sénateurs et présidents de conseils départementaux sont issus majoritairement d’autres ethnies. Pendant ce temps, les Fang, eux, occupent des fonctions subalternes, telles que suppléants ou agents administratifs.

Vue d’une petite illustration 

Cette tendance s’est manifestée de manière flagrante lors de la composition de la commission départementale de campagne pour Brice Clotaire Oligui Nguema. Bien que les Fang aient offert un soutien électoral massif – 98,94 % des suffrages dans le canton Nke et jusqu’à 99,57 % dans les villages Fang –, ils ont été, une fois de plus, marginalisés au profit des mêmes groupes dominants.

Cette situation soulève une question fondamentale : pourquoi une communauté aussi loyale se retrouve-t-elle systématiquement écartée ? La Constitution gabonaise, en son article premier, interdit toute discrimination ethnique, mais à Booué, les faits racontent une autre histoire.

Les cadres et responsables Fang appellent à une révision des pratiques discriminatoires. Leur demande est simple : un traitement équitable pour toutes les ethnies du département de la Lopé. Ils exhortent le Président, surnommé affectueusement « Akoma Mba », à intervenir pour rétablir un équilibre, particulièrement dans les nominations politiques et administratives à venir.

Car à Booué, le sentiment d’injustice ne fait que croître. Si rien n’est fait, la marginalisation des Fang pourrait devenir une source de discorde, ternissant le fragile équilibre d’un département où l’unité nationale semble encore une promesse éloignée.

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