Par Stive Roméo Makanga
Il avait été présenté, tambour battant, à la fois comme le produit d’une rupture, et celui de l’incarnation d’un renouveau. Mais ses bourdes à répétition, son incapacité à insuffler une véritable vision stratégique de développement de sa famille politique ont fini de convaincre plus d’un militant qu’il est plutôt celui qui fera couler le bateau PDG. Ils sont désormais nombreux à “bouder” la tête de Steeve Nzegho Diecko au secrétariat général du parti, et son outrecuidance exacerbe davantage les tensions. Pis, l’actuel SG a obtenu sa nomination à l’entorse des statuts et règlement intérieur du parti.
Plus rien ne va au sein de l’écurie politique d’Ali Bongo Ondimba. C’est certain. Depuis la nomination de Steeve Nzegho Diecko à la tête du secrétariat général du parti, le 9 mars dernier, de vives protestations, encore silencieuses certes, n’ont de cesse de s’amonceler. Et pour enfoncer le clou, le jeune quadragénaire, promu à la surprise générale, ce devant des cadres au pedigree long comme le bras, affiche une présomption désormais jugée impertinente.
Il faut être formel. Un doctorat en sciences politiques ne suffit pas pour tenir une artillerie de l’accabit du PDG et l’expérience l’a fortement démontré.
Au cursus universitaire, devrait aussi s’associer l’expérience et le poids politique. Des ingrédients cumulés qui, au bout du compte, finissent par convaincre de ce qu’une machine politique de l’envergure du Parti démocratique gabonais ne peut être menée que par des hommes de poigne.
D’abord, Steeve Nzegho Diecko a été élu en totale violation d’une disposition de l’article 32 des statuts et règlement intérieur du parti des masses. Tel est le nœud du problème. Cela dit, c’est toute la famille PDG qui s’interroge désormais au sujet de ce qu’ils considèrent tous comme une forfaiture, ou une usurpation à la tête de leur instrument politique.
Il est pourtant clairement stipulé que “le Président du Parti propose à l’élection du Congrès, la liste des membres du Secrétariat exécutif ; du Conseil national ; du Bureau politique et de son Comité permanent ; du Conseil consultatif des sages et du Comité central ?”.
Or, de l’avis de nombreux analystes politiques, qui ne comprennent plus rien à ce qu’est devenu le PDG, Steeve Nzegho Diecko aurait dû demeurer secrétaire général intérimaire, jusqu’à l’organisation d’un congrès, au cours duquel sa nomination aurait reçu le plébiscite de ses camarades, comme cela a été le cas pour Éric Dodo Bounguedza, peu après la démission de Faustin Boukoubi.
Ensuite, Steeve Nzegho Diecko l’a lui-même reconnu lors d’une joute verbale devant de nombreux militants: “Je ne suis rien. Ali Bongo Ondimba est venu me chercher au fin fond de Makokou”. C’est dire.
L’actuel secrétaire général sait au fond de lui qu’il est perçu, aux yeux de certains hiérarques du parti désormais relégués au rang de militant de base, un peu comme un épouvantail, lui qui aurait pu gagner en continuant d’apprendre de ces derniers.
C’est dire que la nomination de Steeve Nzegho Diecko demeure controversée.
À juste titre, les récriminations formulées à son encontre épousent fort bien la réalité.
D’ailleurs, ses excursions inopportunes et sans grands impacts, estampillées “rendez-vous du militant”, organisées au sein des différentes fédérations du parti depuis le samedi 16 juillet dernier, ce sans nominations préalables des secrétaires provinciaux, communaux, départementaux, des membres du bureau politique (ou leur confirmation), l’illustrent fort bien.
Steeve Nzegho Diecko souhaite donc in situ et de visu autopsier l’état des structures laissées par Éric Dodo Bounguedza, d’une part, et donner des consignes aux chefs de troupes, d’autre part. Une démarche très critiquée dans les salons feutrés de Libreville, d’Owendo et d’Akanda.
Pour de nombreux PDGistes, l’actuel secrétaire général affiche de plus en plus son incompétence, en plus d’augurer des lendemains incertains pour le parti présidentiel. Son pilotage à vue indispose désormais plus d’un, qui ne supportent plus ses errements et ses déclarations offensantes: “Ceux qui vont s’écarter de la ligne du parti et de son président seront tout simplement virés”, a déclaré le natif de l’Ogooué-Ivindo, lors d’une de ses récentes sorties. Ce mépris pour les “camarades” fait désormais grand bruit dans les troupes.
Et puis, de quelle ligne Steeve Nzegho Diecko parle-t-il donc? Y a t-il simplement une?
Depuis son arrivée à la tête du parti, tout va du clair-obscur. Contrairement aux précédents secrétaires généraux, le parti démocratique gabonais se crispe et se noie un peu plus chaque jour, entre les mains du nouveau SG.
Les bourdes à répétition de l’actuel secrétaire général du parti des masses n’arrêtent plus de se cumuler. Son impopularité quant à elle, va crescendo.
À quelques mois seulement des scrutins présidentiel, législatif et municipal, des rendez-vous décisifs, les doutes sur Steeve Nzegho Diecko se confortent.
Sa capacité à conduire le Parti démocratique gabonais dans la dynamique que l’on sait, est sévèrement récusée par de nombreux militants, qui s’intérrogent sur l’avenir de leur parti avec un secrétaire général aussi incompétent à la tête.
Avec quelles structures de bases l’actuel SG compte t’il gagner les échéances électorales imminentes, lui dont la tête est partout boudée et dont les stratégies laissent sans cesse apparaître de nombreux déchets ?
Jugé “usurpateur”, à plus d’un égard d’ailleurs, l’actuel SG pourrait donner lieu à de mauvaises surprises en 2023, dans l’écurie politique d’Ali Bongo Ondimba.
Ensuite, brisant tous les codes de la géopolitique qui l’a toujours caractérisé, le PDG est étonnement quitté de la Bouenguindi pour échouer dans un environnement insignifiant et absolument pas du tout représentatif, du moins politiquement. Car, qu’est ce que l’Ogooué-Ivindo, en comparaison à l’Ogooué-Lolo, le Haut-Ogooué ou le Woleu-Ntem ? N’aurait-il pas été judicieux, question de logique, que le secrétariat général du parti eût échu au Haut-Ogooué, province qui a très largement plébiscité Ali Bongo Ondimba lors de la présidentielle de 2016 ?
Et pourquoi l’avoir retiré de l’Ogooué-Lolo, à quelques mois seulement de la présidentielle, dans une zone aussi stratégique que celle-là, et très justement perçue par l’opinion comme base arrière du parti des masses?
Il faut avouer que le choix de Steeve Nzegho Diecko comme secrétaire général du parti est d’abord apparu comme une plaisanterie de mauvais goût.
Puis, peu à peu, il est devenu le signe évident d’un pourrissement programmé, de la politique du Distingué camarade président (DCP).
Steeve frustre, offense, fragilise et divise plus d’un. Ses frasques à répétition finiront bien par déborder le vase.