Par Stive Roméo Makanga
Prévu pour se tenir les 23 et 24 décembre courant à Libreville, le Congrès du Parti Démocratique Gabonais (PDG) a débuté sur des chapeaux de roues. Il s’agit, comme l’a rappelé Steeve Nzegho Dieko, le secrétaire général, de la “Renaissance du PDG”.
En baptisant cette messe générale comme telle, inutile de préciser que le secrétaire général du parti d’Ali Bongo Ondimba a lui-même clos le débat, et fermé la porte aux spéculations. Il a lui-même admis que le PDG est une création moribonde et rouillée, qui a besoin (et il était tant) d’un souffle nouveau.
Ce qui est tout à fait juste si pour autant qu’on le veuille, l’on pouvait établir une comparaison entre le PDG d’Omar Bongo Ondimba et celui d’Ali Bongo Ondimba. Quel écart !
“Au moment où s’ouvre les travaux de la renaissance pour un PDG uni et solidaire, j’entends, en tant que Secrétaire général, renouveler le serment prononcé devant le Distingué camarade président, Ali Bongo Ondimba, de toujours me mettre à sa suprême disposition, afin de contribuer à insuffler un vent de renouveau dans l’organisation, le fonctionnement et la gestion du Parti démocratique gabonais”, a précisé Steeve Nzegho Dieko, dans une litanie flirtant l’oxymore, pour finalement servir un tout diffus.
Les assises de vendredi et samedi devront donc insuffler un vent de renouveau, ce d’autant que le scrutin majeur de 2023 auquel Ali Bongo Ondimba, en sa qualité de Distingué Camarade Président (DCP), est d’office candidat naturel, s’approche à grandes enjambées.
De fait, le congrès en cours constitue le point de départ de tout, et principalement, celui de la stratégie d’ensemble qui devra prévaloir contre une opposition plus unie, et forte d’une expérience de deux scrutins hypothétiques.
Ali Bongo Ondimba, grand artisan des concepts creux, n’a pas dérogé à sa réputation. “Nous sommes ici pour préparer le Gabon d’après. Un Gabon plus ambitieux, plus fort, plus grand”, a-t-il immédiatement publié sur son compte Facebook officiel.
Une déclaration loin d’être réaliste, puisque chacun sait que le parti État est vieux de 54 ans. De 1968 à 2022, quelles ont été les avancées significatives pour les populations, qui manquent toujours du strict minimum ? Pas d’eau, pas d’électricité, pas de routes adéquates, pas d’écoles…pour parler plus trivialement.
En déclarant que le Congrès du PDG serait le moment précis de préparation du “Gabon d’après”, formule de Mike Steeve Jocktan, on peut s’interroger (à demi-mot, certes) sur la sincérité d’Ali Bongo Ondimba.
Outre ceux énumérés, d’autres concepts comme l’Égalité des chances et l’importance de la jeunesse, ont fusé au Stade d’Agondjé, visiblement à moitié plein.
Inutile de rappeler que l’Égalité des chances est un mantra réchauffé, et que le chômage toucherait plus de 35% de jeunes.
Pour de nombreux observateurs, cet énième Congrès PDG ne présenterait qu’une unité de façade, surtout lorsqu’on sait toutes les crispations, toutes les querelles et toutes les frustrations qui couvent en interne, bien prêtes à éclater à n’importe quel moment.