Par Stive Roméo Makanga
À la suite de la déclaration de Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine, publiée dans les colonnes de Jeune Afrique, l’Honorable Député Jean Bosco NDJOUNGA, Premier Secrétaire du Bureau de l’Assemblée Nationale de la Transition au Gabon, a tenu à exprimer une mise au point respectueuse mais ferme. Il faut avouer que cette prise de parole s’inscrit dans une volonté de préserver l’autonomie des États africains face aux recommandations de l’UA, jugées par le député gabonais comme nécessitant une plus grande cohérence et un respect accru des souverainetés nationales.
Moussa Faki Mahamat, évoquant les régimes militaires de Transition en Afrique, a en effet tenu pour argument que les hommes en treillis assumant de telles responsabilités ne devraient pas se porter candidats aux échéances électorales, cela en citant notamment le Gabon. Cette intervention, bien que fondée sur des principes démocratiques, a suscité la réserve de Jean Bosco NDJOUNGA, qui a relevé l’importance de laisser à chaque pays la latitude de tracer sa voie politique.
En ce qui concerne la primauté de l’ordre constitutionnel national, disons que pour l’Honorable NDJOUNGA, il est impératif de rappeler que la République Gabonaise est régie par une Constitution adoptée en 1991, ancrée dans les valeurs démocratiques et pluralistes de la nation. Bien que des ajustements législatifs encadrent la Transition actuelle, cette Constitution demeure le pilier de notre ordre juridique. De plus, Jean Bosco NDJOUNGA estime que les recommandations de l’UA doivent respecter cet ordre constitutionnel, tout en rappelant que l’organisation panafricaine n’a pas vocation à imposer des directives unilatérales aux États souverains, mais plutôt à jouer un rôle d’accompagnement respectueux. En effet, la libre détermination des processus politiques nationaux, ancrée dans l’ordre constitutionnel gabonais, demeure un droit inaliénable.
Puis, s’agissant de la nécessité d’une impartialité uniforme de l’UA, l’Honorable NDJOUNGA ne manque pas de relever dans son propos une disparité dans l’application des principes de l’organisation citée en sus. Il fait remarquer que certains pays d’Afrique de l’Ouest ont fait l’objet de sanctions sévères pour des transitions similaires, tandis que le Tchad, pays d’origine de sieur Faki Mahamat, a bénéficié d’une tolérance notable lors de la succession militaire après la disparition du Président Idriss Deby Itno. Cette incohérence met en exergue des questions sur l’impartialité de l’UA, et fragilise sa crédibilité. De fait, Jean Bosco NDJOUNGA plaide pour une application égalitaire des principes de l’UA afin d’éviter toute perception de favoritisme, condition sine qua non pour que l’organisation conserve son rôle de médiateur et de garant des transitions démocratiques sur le continent.
Et, en ce qui concerne le respect du droit à l’autodétermination des peuples africains, le député réaffirme l’importance de respecter le droit de chaque peuple à déterminer son avenir politique. Les spécificités culturelles, sociales et politiques propres à chaque nation africaine rendent indispensable une approche adaptée aux réalités locales. Pour lui, en imposant des restrictions sur les modalités de Transition et de participation électorale, l’Union Africaine risque de méconnaître ces spécificités et de violer le droit des peuples à l’autodétermination. Le Gabon, dans son processus de Transition, s’engage à organiser un référendum constitutionnel puis des élections auxquelles tout citoyen, civil ou militaire, remplissant les critères d’éligibilité, pourra librement participer. Cette orientation vise à instaurer une démocratie pluraliste et inclusive, en cohérence avec les aspirations du peuple gabonais.
Dans sa conclusion, Jean Bosco NDJOUNGA invite le Président de la Commission de l’Union Africaine à faire preuve de prudence et de discernement dans ses recommandations, afin de ne pas attenter à la souveraineté des États membres. Il rappelle la singularité du Gabon, qui, depuis sa libération du 30 août 2023, se prépare à adopter, par la voie référendaire, une nouvelle Constitution. Ce processus, en cours, vise à offrir au peuple gabonais une transition vers une démocratie renforcée et souveraine.
Dans l’épilogue de sa réflexion, Jean Bosco NDJOUNGA encourage l’UA à privilégier une posture de soutien, tenant compte des particularités de chaque nation en Transition, plutôt qu’une application rigide et uniforme de principes éloignés des réalités locales.