Par Alain Mbinah
Le paysage politique gabonais vit dans la perspective des prochaines élections présidentielles, législatives et locales.Cela dit, plusieurs divergences de perception et d’approche sont perceptibles parmi les membres de la classe politique. Ce qui est normal certes, où entre les tenants du déroulement normal du calendrier institutionnel et ceux qui craignent et brandissent le manque de transparence, donc l’éventualité de nouvelles crises post- électorales ; et puis ceux là qui lancent un appel au dialogue politique.
“Le retard pris dans le renouvellement de certaines institutions dont le CND et le CGE, ne doit pas installer la prévalence des conflits où du désordre dans le pays”, prévient le parti de la majorité présidentielle CAC qui a fustigé par la voix de son président Florentin Moussavou la multiplicité des dialogues qui peuvent s’avérer contraignant pour la bonne marche du pays.
On ne peut pas construire pour détruire à chaque fois. C’est tout au moins l’impression qui se dégage, car lorsque la Conférence Nationale d’il y a 32 ans mettait en place le Conseil National de la Démocratie (CND), c’était pour que celui-ci devienne un lieu permanent de dialogue.
C’est dire que cette institution est mise en déroute par le mauvais comportement des uns et autres à un moment où le pays en a le plus besoin pour arbitrer les divergences et permettre d’aller à des élections apaisées.
Car à l’allure que les choses se font et de disent, tout porte à croire à l’existence d’un climat hostile à des élections saines au regard des des voix qui s’élèvent déjà dans l’opposition et qui demandent un nouveau dialogue. Mais n’est ce pas un autre dialogue de trop, quand on sait qu’il y a parmi les leaders de l’opposition ceux qui avaient refusé d’accepter le dialogue de 2017 ?
L’idée ici est d’amener les uns et les autres de ne pas changer pour changer, mais plutôt d’arriver à des décisions politiques durables qui seront toujours respectées dans le temps.
Le président de Conscience et Action Citoyenne prend en exemple les apports de la Conférence Nationale de 1990, qui ont permis l’avènement de la démocratie dans le pays. Selon Florentin Moussavou, ce cadre aurait suffit d’amener les gabonais de tous les bords politique à discuter régulièrement ensemble.
Et pour cause, le président de CAC considère que le pays n’a jamais eu un moment de grande cohésion de son peuple comme le fût la conférence nationale. Le mieux qu’on puisse dire, on aurait pu faire le choix de poursuivre avec les décisions prises à cet effet.
Car, ” ce n’est pas avec la multiplication de petits dialogues qu’on arrivera à rendre compte de notre histoire aux générations futures”, a souligné Florentin Moussavou.
Pour ce dernier, nous devons nous atteler à façonner un seul récit national de l’histoire du Gabon. ” On ne peut pas à chaque fois récrire notre histoire par des petits dialogues incessants, qui peuvent être perçus comme des fuites en avant”, a-t-il lancé.
Notons que dans le cas du Gabon, il y a eu en 2017 le dialogue d’Angondjé qui survient après le dialogue d’Arambo, lequel vient après les accords de Paris en 1994 qui sont la suite de la conférence nationale. Au point de voir Florentin Moussavou se demander, quelle cohérence peut-il avoir derrière cette quête aux Conférences?
Cela dit, et en dépit de tous ces dialogues, la matrice demeure la conférence nationale. C’est pourquoi le président de CAC souhaite que celle-ci soit célébrée au Gabon comme un grand évènement dans l’histoire de notre pays.
Et le CND qui en est une de ses émanations aurait pu être une institution républicaine fondement de la vie politique, parceque plus dynamique et mieux structurer, de manière à figurer comme le cadre de concertation permanent entre acteurs politiques de tous les bords, en toute responsabilité, sécurité, en même temps qu’elle jouerait son rôle de régulation de la vie démocratique.
Donc, il s’agit aujourd’hui de faire le maximum afin d’éviter que le CND ne soit ramené à la dimension rachitique et quasiment toxique d’un lieu de diatribes, de confessions stériles et de vindicte, qui, à l’instar des autres institutions serait absolument budgétivore.
De plus, il s’est installé progressivement un sentiment d’inulité et d’impuissance qui incite plutôt à se détourner de cette institution.
Pourtant le Gabon pourrait, avec le CND, apparaître comme un inventeur d’un modèle en Afrique pour la prévention des conflits par la concertation permanente et la garantie d’une capacité d’apaisement du débat entre responsables politiques.
Tout ceci nous amène au constat selon lequel, au bout d’une année le CND n’a pu inscrire une page porteuse dans le paysage institutionnel gabonais. Il est tout simplement invisible, transparent et inaudible.
Au-delà de ce vide laissé par le CND, Florentin Moussavou est conscient des apports que la recherche scientifique, peut avoir sur la bonne marche de la démocratie. C’est pourquoi son parti CAC, a démarré les séminaires de formation au profit de ses membres afin de les outiller sur l’environnement juridique et institutionnel de leur parti.
Cette démarche est d’autant plus fondée car ce parti créé le 7 mars 2018 et membre de la majorité républicaine, est en ordre de marche pour les prochaines élections présidentielle, législatives et locales où sa posture devrait consister soit à soutenir les candidats de la majorité ou à présenter ses propres candidats.
Du reste, Florentin Moussavou nous est apparu très serein dans sa volonté à continuer de soutenir la vision du Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba. Et outre la politique, il passe le clair de son temps à rédiger ses ouvrages dont il annonce la parution prochaine de trois livres.