Par Stive Roméo Makanga
Principale instance représentative des musulmans du pays, le Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon (CSAIG) a tenu samedi 7 octobre courant, dans la salle polyvalente de la mosquée centrale, une assemblée générale dite spéciale, ce conformément aux dispositions de la charte de la communauté musulmane du Gabon.
Une rencontre particulière, réunissant les collaborateurs du Raïs, en l’occurrence Ali Bongo Odimba, les membres du bureau exécutif du CSAIG, et qui aura permis de faire le point de l’indisponibilité de ce dernier à la tête de la grande famille musulmane du pays. Une situation assez complexe, qui a manifestement conduit le directoire à considérer deux cas de figures possibles.
Première option, faire le constat de son empêchement définitif et recourir ainsi à la procédure de remplacement tel que dispose l’article 11 de la charte.
Deuxième option, accorder un délai raisonnable au Raïs, à défaut d’appliquer systématiquement la disposition énoncée en sus.
Aussi, la deuxième option ayant été requise par les différents intervenants au cours des échanges, l’Assemblée générale spéciale, du reste conduite par Ali Akbar Onanga Y’Obegue, conseiller spécial du Raïs, a été entérinée.
S’agissant des motivations ayant débouché sur un tel recours, l’assemblée générale spéciale a fait valoir le respect des valeurs islamiques, lesquelles marquent un point d’honneur sur les vertus de solidarité et de soutien, manifestées en faveur de tout musulman en proie aux épreuves existentielles.
Loin d’être la seule raison, le conseiller spécial du Raïs a en outre fait observer que le choix fait par l’assemblée générale spéciale a été “par prudence et pour ne pas céder à la précipitation”. Entre autres considérations.
Tout de même, le directoire du CSAIG considère que l’absence du chef de file de la communauté musulmane se justifie aussi par le fait que depuis la prise du pouvoir par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), ce dernier a été tout d’abord mis en résidence surveillée, puis, il n’est plus jamais apparu.
“En dépit de cette liberté retrouvée (celle d’Ali Bongo Ondimba), il n’est pas apparu au sein de la communauté depuis lors. Il s’en est suivi donc, comme vous le savez, des réactions qui pour certaines ont conduit à des actions nuisibles pour la sérénité et le bon fonctionnement de notre communauté. Il était donc normal que nous nous réunissions pour délibérer sur cet état de chose “, à assuré Ali Akbar Onanga Y’Obegue.
À la situation décrite, s’ajoute le retrait du président du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques (CSAIG), l’imam Ismaël Oceni Ossa. “Dans un tel contexte, conformément à la pratique, nous sommes obligés de mettre en place, pour ce qui concerne la présidence du CSAIG, son intérim”, a-t-il indiqué.
ABDOUL RACHID MBADINGA PREND LES COMMANDES
Gabonais et faisant partie des trois vice-présidents de l’institution musulmane, imam officiant dans une mosquée et célébrant le djouma, doublé d’une expérience de plus de 5 ans, c’est tout naturellement que Rachid Mbadinga a été adoubé par les siens pour assurer l’intérim, et donc la continuité du service au sein du CSAIG.
” (…) je vous remercie pour la confiance que vous avez placé en moi en me confiant la gestion intérimaire de notre institution, sous la supervision du Conseiller Spécial du Raïs, pour cette période transitoire et partant la lourde responsabilité d’organiser les travaux préparatoires du Congrès extraordinaire ainsi que le Congrès lui-même, qui verra la redéfinition des institutions de notre communauté”, a annoncé l’imam Rachid Mbadinga.
Et: “je voudrais lancer un appel solennel à l’apaisement et à l’unité au sein de notre communauté. Il est essentiel que nous maintenions un esprit de fraternité et de solidarité, que nous écoutions les uns les autres avec respect et que nous travaillions ensemble pour le bien commun”.
Le nouveau président par intérim du CSAIG a de même fait la promesse de s’investir dans la recherche d’un “large consensus”, au cours des travaux préparatoires du Congrès Extraordinaire imminent.
“Notre objectif commun est d’aboutir à la mise en place d’organes efficaces et efficients pour notre communauté. Nous aspirons à créer des structures solides, capables de répondre aux besoins de la communauté et de la guider vers un avenir prospère”, a-t-il soutenu.
Ainsi, la tâche s’annonce titanesque pour l’imam Rachid Mbadinga. Face à la menace d’un schisme considérable dont les effluves pourraient d’ailleurs jeter un profond discrédit sur la communauté musulmane du Gabon, il urge désormais pour le nouveau président intérimaire du CSAIG de rassembler les siens autour des valeurs qui les ont toujours unies.
