Procès Sylvia et Noureddin Bongo : ceux injustement éclaboussés peuvent retrouver leur honneur
Par Joseph Moundruma
Il flotte depuis mardi soir, sur Libreville, comme un parfum de calme retrouvé. Un calme presque gêné, après des mois d’un tumulte judiciaire qui aura tenu le pays en haleine, cristallisé les passions, alimenté les fantasmes et parfois même brouillé le discernement collectif. Le 18 novembre 2025, la Cour a enfin rendu son verdict dans l’affaire Sylvia Bongo, son fils Nourredine et une poignée de coaccusés connus sous le sulfureux label « Young Team » : un chapitre se referme, mais laisse derrière lui un sillage d’amertume et d’incompréhensions.
Les jugements, annoncés avec la gravité attendue, ont pourtant eu l’effet d’une douche tiède. Des peines de prison avec sursis et des obligations de remboursement pour certains ; des relaxes pures et simples pour d’autres. Un mélange de sévérité contenue et de mansuétude ordinaire, comme si la justice avait voulu ménager toutes les sensibilités sans réellement trancher. De quoi nourrir un débat national déjà bien enflammé. Dans les marchés, les bistrots, les taxis collectifs, les couloirs des administrations, les commentaires fusent : pour beaucoup, ces décisions paraissent bien légères au regard de la gravité des actes reprochés. L’indignation, feutrée mais tenace, remplace les éclats des semaines passées.
La justice a parlé, certes. Mais a-t-elle convaincu ? La question hante les conversations, s’invite dans les quartiers populaires comme dans les cercles plus huppés. Ce procès, présenté comme l’un des plus importants de notre pays, devait selon certains tourner la page des dérives d’un système. Il n’aura finalement offert qu’un épilogue mitigé, en laissant les Gabonais à leur propre interprétation d’un récit judiciaire devenu, au fil du temps, un miroir de leurs frustrations et de leurs attentes de changement.
Pourtant, au-delà de l’orage que l’affaire aura suscité, une accalmie salutaire s’est installée. La fin du procès a libéré un souffle de soulagement pour nombre de compatriotes injustement entraînés dans ce tourbillon. Leurs noms, cités au détour d’auditions ou d’allégations approximatives, avaient été jetés en pâture à une opinion parfois avide de coupables supplémentaires. Le verdict est venu, discrètement mais sûrement, réparer leur honneur. Le Ministre du Tourisme, Pascal Ogowe Siffon, l’ancien Trésorier payeur général Yann Koubdjé et d’autres encore peuvent enfin lever la tête, débarrassés de l’ombre injuste que cette affaire avait projetée sur leur image.
À Libreville, la vie reprend donc ses droits, comme après chaque tempête. Les taxis klaxonnent de nouveau sans raison, les marchés s’animent, les bistrots refont le plein de palabres ordinaires. Le pays, lui, attend déjà la suite, car au-delà du verdict, c’est la question de la confiance dans les institutions qui reste posée. Et l’histoire enseigne que, souvent, la véritable tempête n’est pas celle que l’on croit.



Laisser un commentaire