Par Stive Roméo Makanga
Ces dernières 24 heures, la tension a atteint son paroxysme au sein du ministère des Transports. En effet, la coalition des syndicats de cette institution s’est vivement insurgée contre plusieurs dysfonctionnements, parmi lesquels figurent le non-paiement des primes, l’absence de déontologie en matière de gouvernance et d’éthique administrative .
Plus grave encore, elle indique un sabotage, par le ministre des Transports, du plan de réformes régulièrement entrepris, la prévalence d’un climat interne délétère, empreint de menaces et d’intimidation, ainsi que la mauvaise interprétation des textes régissant l’institution. Des points d’indignation battus en brèche par de nombreux cadres du secteur des Transports et des partenaires qui entendent d’ailleurs monter au créneau dans les prochaines heures pour réclamer des actions fortes de la part du ministre contre les réseaux mafieux à la tête de ces grévistes.
Sur la question cruciale du non-paiement des primes, de nombreuses sources concordent pour affirmer que le ministre en exercice, Loïc Ndinga Moudouma, a initié le paiement des primes à l’endroit des autres agents publics de l’État, parce qu’estimant que tous les gabonais méritaient d’être traités avec la même attention, et ce conformément aux instructions du président de la Transition, le général de Brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema, après le coup d’État d’août 2023.
En effet, cette institution aurait été pendant plusieurs années en proie à des disparités, en plus d’être l’objet de détournements de fonds publics, impliquant même certains responsables syndicaux sous l’ancien régime. Qu’il s’agisse des cartes grises ou des permis de conduire, les compromissions seraient inimaginables et auraient concouru à l’enrichissement de certains responsables.
À son arrivée, Loïc Ndinga Moudouma a pris la décision que le versement des primes, jusqu’alors réservé à la Direction Générale des Transports Terrestres (DGTT) et à la Marine marchande, soit étendu à l’ensemble des départements ministériels. Confient de nombreuses sources concordantes.
Dès son installation, il aurait sollicité le Trésor public pour le paiement des primes du premier trimestre 2024 (janvier, février, mars). Ensuite, pour le règlement du deuxième trimestre (avril, mai, juin), une demande de fonds a été dûment adressée au Trésor public dès le 6 juin, et notre Rédaction a obtenu copie de ce document par le biais de certains agents grévistes.
Toutefois, le Trésor public n’aurait pas encore donné suite à ces requêtes. Suivant ce retard, Loïc Moudounga aurait alors convoqué les représentants syndicaux pour les informer de la situation, aux fins de situer l’ensemble des agents.
Plus largement, nombre de fonctionnaires du ministère des Transports estiment que l’exigence de la coalition syndicale, concernant le paiement des primes du quatrième trimestre 2023, est infondée, car celles-ci ont déjà été versées aux bénéficiaires.
De surcroît, la revendication concernant le versement de la prime de visite pour les agents de la Marine marchande est contestée. En réalité, cette prime ne devrait être attribuée qu’aux commissaires, détenteurs du Certificat des affaires maritimes. Cependant, le paiement a été exceptionnellement élargi à tous les agents, sur la volonté du ministre de tutelle.
S’agissant des conditions de paiement de cette prime de visite des agents de la Marine marchande, nous vous fournirons les textes qui encadrent cette opération et nous en ferons également une analyse objective sur ces différentes primes.
Par ailleurs, dans sa perspective, le ministre des Transports s’efforcerait d’acquérir un bâtiment pour la Marine marchande, qui, depuis 39 ans, est contrainte de louer des locaux. Une motivation que ne soutiendraient pas les agents du secteur des Transports, qui ne souhaiteraient pas voir leur institution procéder à une telle acquisition, par le truchement de leurs subsides.
SUR LA FORMATION DES AGENTS
Selon des dispositions légales qui encadrent l’intégration dans les écoles de cette administration, dont nous avons pu nous procurer et dont l’analyse vous sera également livrée dans les prochaines heures, est loin de faire l’unanimité. Cette règle, qui s’applique également aux agents du ministère des Transports, est largement contestée. Mais pour certains responsables du ministère, la loi reste la loi et elle s’applique à tous. Aussi, les allégations selon lesquelles le ministre s’opposerait à ce que les agents poursuivent leurs études à l’EPCA sont donc infondées.
DE LA SOGATRA ET CONSORTS
Enfin, concernant la SOGATRA et l’ARTEF, le Trésor public n’aurait pas honoré le paiement de la subvention de fonctionnement, aggravant ainsi la situation.
La contestation syndicale qui impute toute responsabilité de paralysie à Loïc Ndinga Moudouma apparaît donc complexe. “La SOGATRA ne produit pas. Le transport est gratuit. Elle est donc contrainte de ne fonctionner qu’avec la subvention qui lui est allouée. Or à ce jour, le Trésor public n’a pas encore effectué de versement. Voici la réalité”, confie une source.
La situation au ministère des Transports demeure complexe, sachant que l’administration a entretenu une communication permanente avec les leaders syndicaux, aux fins d’expliciter les zones d’ombres. Qui agite les syndicats? La tête de Loïc Ndinga Moudouma est-elle mise à prix? Autant de questions qui devraient courir pour démêler le grain de l’écheveau.