Par Agnès Limori
Prétendre que Rose Christiane Ossouka Raponda, la première ministre, est totalement larguée par le poids de la fonction, apparaît désormais comme un euphémisme, au regard de la série de soubresauts intervenus au sommet de l’État ces derniers mois.
D’abord, il y a l’épisode des arrêtés querellés. Les n°559/PM et n°685/PM, lesquels ont fait réagir le Copil citoyen, provoquant ainsi un vif affrontement devant la Cour constitutionnelle, au mois de décembre.
Ensuite, il y a ce fait nouveau, qui provoque désormais l’hilarité du landernau politique gabonais.
Pour s’en convaincre, il faut lire la livraison du jeudi 17 février 2022, du journal progouvernemental L’Union, laquelle évoque cette interpellation de Jean Robert Goulongana, député du Rassemblement héritage et modernité (RHM) du 3e siège du département de l’Ogooué et des Lacs, envers la cheffe de l’administration gabonaise. Ce dernier, pointilleux, a souhaité en savoir plus sur l’individu qui a entrepris les travaux de réhabilitation du dispensaire de Makongonio, hors d’usage depuis plus d’une décennie, causant ainsi le désarroi des populations de cette partie du pays.
Rose Christiane Ossouka Raponda, surprise et confuse devant les parlementaires réunis en séance plénière au Palais Léon Mba, a de facto instruit le ministre de la Santé, lui aussi visiblement largué, aux fins d’en savoir un peu plus.
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Poussant l’irrationnel jusqu’à la lie, le premier ministre s’est offusqué de cette initiative, en plus de la qualifier de “dérive”, justifiant cette offuscation par le fait que cette prérogative n’incomberait pas aux acteurs politiques, mais plutôt aux autorités compétentes.
Pourtant, l’homme à l’origine de cette initiative, laquelle réjoui déjà les populations de Makongonio, un regroupement de 14 villages dans la Ngounié Sud, n’est autre que le Dr Armand Alex Makouaka, un militant du Parti démocratique gabonais (PDG), qui a rejoint l’écurie d’Ali Bongo Ondimba en juillet 2021 dernier.
Selon nos sources, cet ancien opposant, figure majeure du PDS et originaire de Makongonio, aurait saisi par voie administrative les instances dirigeantes de sa nouvelle famille politique, avec cet ambitieux projet de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes, et de prêcher dans cette zone recluse et acquise à l’opposition, la philosophie du chef de l’État.
Ce dernier aurait saisi concomitamment le secrétaire national en charge de l’animation politique dans la province de la Ngounié (SN4) et le secrétaire général adjoint 1 en charge des affaires juridiques du contentieux et des élections du PDG.
C’est donc après ces formalités et de l’autorisation reçue de sa nouvelle hiérarchie, que le Dr Armand Alex Makouaka aurait entrepris son action, un mois durant, la structure de l’État ayant déjà été pleinement rénovée.
Visiblement, bien des dossiers échappent au contrôle de Rose Christiane Ossouka Raponda, et l’absence de synchronisation avec les autorités du parti au pouvoir apparaissent désormais au grand jour.
À la question de savoir si la réhabilitation des bâtiments de l’État n’incombe qu’aux seules hautes autorités, il serait peut-être opportun de rappeler à la cheffe du gouvernement que face au désarroi des populations, à leur résilience et à leurs cris, certains compatriotes, peinés par toute cette misère injustement vécue, peuvent se substituer, pourquoi pas, au gouvernement, d’autant que ce dernier n’a désormais d’intérêts que pour la crise covidienne.
Avant le docteur Makouaka, d’autres compatriotes ont brillé pour leur élan de solidarité. L’on se souvient encore de Brice Laccruche Alihanga qui, avant sa nomination à la direction du Cabinet présidentielle, s’était donné pour projet de réhabiliter quelques écoles publiques. Chose faite, à la satisfaction générale.