Retrait des recours du PDG : quand Blaise Louembé « vend » ses propres troupes
Par Stive Roméo Makanga
Le 4 septembre dernier, dans un geste présenté comme un signe de décrispation, Blaise Louembé, président du Parti démocratique gabonais (PDG), annonçait le retrait des 20 recours introduits devant la Cour constitutionnelle contre des candidatures de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB). Une décision formalisée dans une lettre adressée au président de la haute juridiction. Mais derrière ce geste, qui se voulait apaisant, se cache une série de zones d’ombre qui interrogent la méthode et la sincérité du patron du PDG.
Première surprise : la démarche a été entreprise sans même informer les candidats concernés. Plusieurs d’entre eux ont appris par voie de presse que leurs recours venaient d’être retirés. «C’est une décision incompréhensible. Nous nous étions engagés dans cette procédure parce que nous estimions que les règles avaient été violées. Et soudain, on nous annonce que tout est abandonné, sans explication», confie, sous couvert d’anonymat, un candidat du PDG dans l’Estuaire.
Un autre candidat, également sous anonymat, abonde : «On nous demande de faire confiance, mais on ne peut pas ignorer le sentiment d’avoir été trahis. Ce retrait unilatéral, sans concertation, laisse penser à un arrangement en coulisse.»
La question demeure : Blaise Louembé a-t-il agi seul ou avec l’aval d’Angélique Ngoma, secrétaire générale du parti ? Au sein des instances, les avis divergent. Certains cadres estiment que la numéro deux du PDG n’a pas été associée à la décision, d’autres évoquent au contraire une entente tacite. Cette opacité ne fait qu’alimenter les suspicions.
Contrairement à ce que certains laissent entendre, les recours introduits par le PDG étaient juridiquement recevables. Ils s’appuyaient sur des irrégularités relevées dans la procédure de libération des candidatures. Le PDG avait même produit des quitus de libération antidatés pour prouver que plusieurs candidats de l’UDB, issus du PDG, avaient pas respecté le formalisme exigé par le code électoral. Pour quelles raisons Blaise Louembe a-t-il entrepris cette démarche sans informer ses candidats ? Que cache cette démarche en coulisses ?
Ce double mouvement (déposer des recours avec force, puis les retirer sans explication) donne l’image d’un parti jouant avec la justice comme avec un levier politique. D’un côté, on affiche la volonté de respecter la loi ; de l’autre, on se réserve la possibilité de suspendre la procédure pour des motifs obscurs. Tout cela nourrit l’idée d’un arrangement souterrain entre l’ex-parti au pouvoir et l’UDB.
En privant la Cour constitutionnelle de son rôle de trancher objectivement, Blaise Louembé et ses proches entretiennent le soupçon d’une instrumentalisation du droit. Une posture qui fragilise encore davantage la confiance des populations dans les institutions et qui rappelle les vieilles pratiques politiciennes que beaucoup espéraient révolues.
À l’heure où le pays aspire à bâtir une République crédible et transparente, la méthode Louembé sème plus de doutes qu’elle n’apporte de clarté.
Qui vivra verra !
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