Par Stive Roméo Makanga
Au Gabon, la corruption est loin d’être un vain mot. Les audiences en cours devant la Cour criminelle spéciale dans le cadre de l’opération anti-corruption Scorpion ont fait la démonstration de toute l’implication des plus hautes autorités, et principalement, de la présidence de la République.
Sauf que pour ceux-ci, les principales institutions telles la Commission nationale de la lutte contre la Corruption et l’Enrichissement Illicite (CNLCEI), le ministère de la Promotion de la bonne gouvernance et de la Lutte contre la corruption, dirigé par Francis Nkea Ndzigue, sont restés jusqu’ici muettes.
De toutes les personnalités, certaines étant toujours en fonction, citées lors des audiences de Christian Patrichi Tanasa, l’ancien ADG de la GOC et Ike Ngouoni, l’ancien Porte-parole de la présidence de la République, aucune ne semble être inquiétée.
Un état de fait qui a convaincu l’opinion nationale et internationale de toute la compromission des plus hautes autorités de la République, dans les faits reprochés aux prévenus.
Face à la débâcle médiatique qui en a découlé, l’on annonce la création d’une plateforme numérique (www.stopcorruption.ga), déjà online, qui devrait faire l’objet d’un lancement imminent par le gouvernement.
« Vous avez été témoin d’un acte de corruption ? Vous êtes encouragé à partager votre témoignage avec les membres du ministère de la Promotion de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et l’évaluation des politiques publiques », peut-on lire sur cet outil numérique.
Une fuite avant, qui confirme bien que les faits de détournements massifs de deniers publics ne sont pas toujours le fait des seuls auteurs présentés devant la justice, mais un mal profond enraciné et entretenu par les plus hautes autorités de l’État.
Pour rappel, selon un rapport de Transparency international, le Gabon 124e rang mondial sur 180 pays catalogués. En 2021, le Gabon a été classé 56e État le plus corrompu au monde.