Par Stive Roméo Makanga
Trois mois se sont écoulés depuis la nomination de Télesphore Obame Ngomo en tant que chef de la Direction de la Communication présidentielle, succédant à Jessye Ella Ekogha. Ce changement, initialement accueilli avec enthousiasme par la presse privée, a laissé place à une déception généralisée.
Il est désormais évident que Télesphore Obame Ngomo ne brille ni en tant que journaliste ni en tant que communicant de haut niveau. Il est important de souligner que l’aptitude au journalisme ne garantit pas automatiquement une compétence équivalente en matière de communication institutionnelle, une facette apparemment hors de portée pour le président de l’Organisation patronale des médias (OPAM).
Premièrement, depuis son entrée en fonction, combien de conférences de presse ont été organisées avec les médias publics et privés ? Une seule, malgré une actualité dense du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Après une première tentative peu convaincante avec Max Olivier Obame, la Direction de la Communication présidentielle est restée étrangement silencieuse.
De plus, lors des commémorations des 100 premiers jours du CTRI, la communication présidentielle est restée discrète, sans conférence de presse ni communication spécifique.
La notoriété de Télesphore Obame Ngomo, si elle existe, provient de discours télévisuels parfois confus et de la diffusion d’une chronique, “Le débat de Missélé-éba”, qui a souvent manqué de dynamisme. À travers cette chronique, Obame Ngomo a tenté de régler ses différends avec d’anciens détenteurs du pouvoir, adoptant parfois un ton irrespectueux envers des personnalités telles que Rose Christiane Ossouka Raponda, qualifiée d’« Edith Cresson du Gabon », et Jessye Ella Ekogha, dont il convoitait le talent et le poste.
Cependant, la roue de la fortune a tourné, et aujourd’hui, en tant que titulaire du même poste, Télesphore est largement perçu comme moins compétent que Jessye Ella Ekogha, qu’il critiquait vigoureusement.
Le bilan de ces trois mois à la tête de la Direction de la Communication présidentielle est mitigé, remettant en question la pertinence de ce choix stratégique du CTRI.
Cette situation soulève des interrogations sur les défis persistants du CTRI, en particulier en matière de communication et de perception publique. Les médias scrutent la capacité du CTRI à relever ces défis et à maintenir la confiance du public dans un contexte déjà tendu, et Télesphore Obame Ngomo semble ne pas avoir compris cette dynamique.
Depuis son accession à la Direction de la Communication présidentielle, aucune initiative unificatrice n’a été entreprise avec les dirigeants de la presse privée. Obame Ngomo a accentué la division au sein de la presse privée gabonaise en accordant des faveurs à ses “frères” de l’OPAM et en ignorant d’autres entités telles que le Cercle des Patrons de la Presse Privée en Ligne (CPPPL), l’Union des Patrons de la Presse Indépendante du Gabon (UPPIG), le Réseau National des Journalistes Indépendants (RENAJI), etc.
En privilégiant la collaboration avec certains membres de l’OPAM et la presse publique, Obame Ngomo a négligé le combat acharné mené pendant 14 ans par la presse libre et indépendante contre le régime d’Ali Bongo Ondimba.
Les médias privés, malgré des sacrifices personnels et des défis tels que des interpellations arbitraires, des menaces de mort, des intimidations et des abus de pouvoir, ont maintenu leur intégrité face à l’adversité.
Aujourd’hui, Télesphore Obame Ngomo semble mener une existence insouciante, ne partageant pas des suggestions avec Brice Clotaire Oligui Nguema pour alléger le fardeau des patrons de presse épuisés après tant de luttes et d’acharnements.
Plus que jamais, le président de la Transition doit collaborer avec toutes les forces dynamiques du pays, que ce soit la société civile, les partis politiques, les organisations religieuses, la presse publique ou privée. Obame Ngomo et ses collaborateurs doivent comprendre l’importance de cette collaboration pour relever les défis actuels.