Par le Fils du Paysan
A la faveur d’un échange avec la presse, samedi dernier, les habitants du quartier Essassa, dans le deuxième arrondissement de la commune de Ntoum, ont interpellé les autorités nationales sur ce qu’ils considèrent comme un acharnement de la part de la Société nationale immobilière (SNI).
Selon eux, cette entreprise publique, dont la mission est exclusivement de construire les logements pour les Gabonais nécessiteux, utilisent divers canaux de communication annonçant le lancement imminent de l’opération baptisée « Essassa ma terre » en vue des régularisations foncières sur une parcelle qui lui appartiendrait. Et cela, sur « instructions des plus hautes autorités de la transition ».
S’ils saluent ces « hautes instructions», si tant qu’elles viennent du président de la République, du chef du gouvernement ou même du ministre en charge de l’Habitat et de l’Urbanisme, ces populations constituées en collectif ne comprennent cependant pas pourquoi la SNI voudrait-elle mener cette opération du haut de ses bureaux feutrés, sans les approcher ou consulter au préalable, sachant qu’elles développent des activités sur la parcelle sollicitée depuis plus d’un siècle. « Une rencontre entre les populations et la SNI permettrait à celle-ci de décliner son titre foncier, son décret d’utilité publique, les contours de de son projet et la plus-value engendrée pour ces mêmes habitants », a estimé Protais Obiang Renamy, le porte-parole dudit collectif.
Lequel s’est demandé s’il ne s’agit pas finalement d’une opération identique à celle menée à Igoumié, où seules les personnes disposant d’espèces sonnantes et trébuchantes ont pu tirer leur épingle du jeu. Et de rappeler que contrairement à la tendance, « Essassa est un village centenaire avec une population à part entière », et non «des relogés entièrement à part ».
Pour les habitants d’Essassa, « là restauration de leur dignité consiste à fixer clairement leur espace vital, mais aussi à œuvrer et à veiller au respect de l’esprit des hautes instructions reçues ». Aussi, n’ont-ils pas oublié que pour les besoins de la Zone d’investissement spécial de Nkok, ils ont dû concéder toute la partie gauche située après la voie ferrée.
Le seul véritable espace de vie qui leur reste celui convoité par la SNI. D’où leur courroux.
Ils apprécieraient pourtant la coexistence de la « cité industrielle » et le regroupement Essassa-Bissobinam-Nzoghmitang, séparés par la route nationale. Et c’est fort de cela qu’ils gardent toujours dans leurs archives la correspondance adressée le 2 décembre 2020, au maire de Ntoum de l’époque, par Noël Lambert Matha, alors ministre d’État à l’Intérieur, l’instruisant de « bien vouloir prendre toutes les dispositions urgentes, à l’effet de trouver une solution définitive à ce litige vieux de plus de 10 ans, au profit des populations ». À l’époque, le haut responsable précité s’insurgeait déjà contre la « tentative de spoliation des populations ».