Propos recueillis pas Kongossanews, Convergence Afrique et Tempête d’Afrique.
Au lendemain de la prise du pouvoir par l’armée gabonaise, quelle est la lecture faite par la cosyga, organe dont vous êtes le secrétaire général ?
Il faut dire que tout gabonais induit d’un minimum de patriotisme ne pouvait qu’accueillir avec enthousiasme le coup d’état qui s’est passé le 30 août dernier.
En effet, le simple fait de rattacher la gestion du pays à un nom, à une minorité de personnes suscitait un mal être.
Et que l’armée républicaine ne pouvant pas accepter une forfaiture supplémentaire qui devait emmener inéluctablement les confrontations entre les habitants et les forces de l’ordre et de défense. L’armée a pris ses responsabilités pour mettre un terme au pouvoir détenu par la famille Bongo depuis plus de 60 ans.
Il faut également dire que cet événement a suscité beaucoup d’espoir pour tous les gabonais, quelque soit son rang, quelque soit son appartenance politique ou syndicale. Cela a suscité beaucoup d’espoir et nous accordons le bénéfice du doute au président du Comité de restauration des institution pour qu’il conduise à bien cette transition, afin que chaque gabonais se reconnaisse d’abord dans l’environnement normatif qui sera créé et ensuite en remettant tout le monde au travail et en essayant de sécuriser autant que faire se peut les finances du pays.
Plusieurs nominations se sont faites par le CTRI, notamment au gouvernement de transition, à l’ Assemblée nationale de transition et au Sénat de transition. Quelles sont vos appréciations ou suggestions ?
Depuis le 30 août 2023, le Gabon est entré dans une période de transition pour effectuer le toilettage de son environnement normatif. Et vous savez très bien que nous, au niveau de la Cosyga, nous sommes dans ce combat depuis 2019 parce que personne ne doit se situer au-dessus des statuts et règlements. Ce sont eux qui déterminent pour tous et chacun, quelque soit son niveau de responsabilité, ce qui convient de faire ou de ne pas faire.
Donc, je continue de penser que la transition, qui va durer on ne sait pas encore combien de temps, devrait être pour toutes les institutions du pays une occasion de faire son toilettage et de régler les problèmes qui se posent à eux et que, la Cosyga ne devait pas se départir de cet environnement.
Elle devait se moudre là dedans pour qu’effectivement les uns et les autres mettent leurs égos de côté pour qu’on arrive à régler ce problème.
En juillet 2022, le tribunal de Libreville a élagué le problème de la Cosyga dans le fond. Et, de la décision qui en est sortie, le tribunal a renvoyé la Cosyga, notamment les deux parties, à la convocation d’une nouvelle instance, c’est-à-dire naturellement le congrès. Nous nous sommes mis en ordre de bataille, nous avons écrit déjà par deux fois la tendance conduite par le camarade Djoula Philippe, pour lui rappeler que le tribunal de Libreville nous renvoie à une nouvelle consultation et comment est ce qu’on peut se retrouver pour mettre en place les mécanismes qui concourent à l’orientation du congrès.
Madame le ministre Berre l’a fait en 2019. Avant le 3 juin dernier encore, elle a regroupé tous ses services techniques à savoir : la direction générale du travail, son secrétariat général, son conseiller juridique, pour effectivement recevoir les deux tendances. Comme d’habitude, monsieur Djoula a refusé de discuter. Il est sorti de la salle.
C’est autant d’exemples qui permettent d’avoir une première lecture de l’image faite de cette situation.
Quelles sont les propositions qui seront faites par la cosyga lors du Dialogue national qui sera lancé par les nouvelles autorités ?
Je pense que dans un premier temps, il y a lieu de relever que le comité de transition avait mis sa feuille de route qu’on a appelé la charte. Ce comité de transition s’est lui-même engagé à mettre à la disposition des syndicats dix représentants des organisations des travailleurs au Sénat et dix à l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui on constate que ces autorités ont elles-mêmes viré à 360° pour n’en nommer que deux à savoir le camarade Yama et le camarade Fridolin Mvé Messa.
C’est encore là une petite source de déception mais qui n’entame pour autant pas notre moral parce que nous continuons à croire que ce qui nous préoccupe, c’est que le Gabon se dote d’un cadre juridique et institutionnel qui permettent non pas d’avoir des hommes forts, mais d’avoir des administrations et des lois fortes.
J’aimerais également ajouter que pour ce qui concerne la Cosyga, que j’ai l’honneur de diriger, je crois que nous n’allons pas nous attacher aux débats autour des postes de nomination et autres. Ce que nous attendons ce sont les ateliers qui vont s’ouvrir pour que nous participions de façon significative à tous les grands chantiers normatifs qui auront un lien avec notre domaine de compétences, qui est le secteur social.
Pour permettre aux membres de la Cosyga, que j’ai l’honneur de diriger, de participer de façon efficiente à ces assises, nous organisons vendredi 27 prochain, un séminaire sur le thème : « le rôle des syndicats en période de transition ».
Je pense que c’est un thème actuariel. Il correspond avec les débats importants de l’heure, qui devrait in fine préparer nos membres à intégrer toutes les commissions. Ces ateliers seront animés par deux éminents syndicalistes, à savoir : Marcel Mintsa Mi Essono, qui a même été un moment donné conseiller technique du ministre du Travail d’une part, et le camarade Tonda Mikila, qui vont nous entretenir sur les comportements à éviter au cours de ces assises et apprêter nos désidératas à ces grands chantiers, d’autres part.
En ce qui me concerne, je pense que le problème du dialogue social devrait être normé en mettant en place le comité national du dialogue social, qui est exigé dans nos statuts et règlements et dans le Code du travail. Cette institution qui devrait permettre de faire de la prévention des conflits et anticiper sur un certain nombre de crises à caractère professionnel .
Or, notre pays fait partie de ces rares pays qui ne disposent pas encore de cette instance qui devrait permettre aux uns et aux autres de pouvoir se parler, discuter, employeurs et employés, sans que cela ne relève des mouvements d’humeur et autres différends.
Depuis quelques semaines,les cours et tribunaux ont repris le travail après une longue durée de grève.Où en êtes-vous avec vos revendications au tribunal du travail (juges assistants et assesseurs)?
Effectivement, je suis juge assesseur au tribunal du travail. Ça fait partie de ces activités qui sont en lien avec la défense des intérêts matériels et moraux de mes membres. Que ce soient les juges assesseurs ou les juges professionnels et les greffiers, toutes ces organisations à un moment donné sont rentrées en grève.
La dernière grande rencontre qui a eu lieu entre le chef de l’État et le syndicat des magistrats d’une part et le syndicat des greffiers a permis de prendre un certain nombre d’engagements qui ont fait renaître la confiance.
Et que les choses aient repris de façon partielle, il faut le dire, du fait que ce sont des audiences de conciliation, de mise en l’état qui sont actuellement seules à être exécutées, par le fait que ce sont les délibérations et autres, il faudrait que le tribunal regroupe tous ses composants, à savoir les juges professionnels, les assesseurs et autres.
Donc, vous comprenez que les assesseurs étant empêchés pour deux raisons, du fait que depuis trois ans ils n’ont pas perçu leurs indemnités de session d’une part, et d’autres parts, leur mandat est en principe arrivé à terme depuis décembre dernier, parce qu’ils sont élus pour un mandat de deux ans renouvelable une fois.
Par conséquent, étant donné que leur mandat est arrivé à expiration, et qu’il y a eu une grève qui a duré un an chez nos frères magistrats, la conséquence est qu’il faudra, comme nous sommes en période de transition et on ne peut pas convoquer une élection des juges assesseurs, que le ministre de la justice signe un arrêté qui proroge le mandat des actuels juges assesseurs pour permettre au tribunal de reprendre ses activités dans son entièreté.
Nous déplorons que le nombre de dossiers qui se sont accumulés au tribunal du travail donne froid dans le dos, et quand on sait que le salaire à d’abord une valeur alimentaire, ce sont des pères et mères de famille qui passent des moments difficiles.
Donc, il faudrait que les autorités en tête desquelles le ministre du travail, le premier ministre et le président de la transition, trouvent urgemment des solutions à cette situation sociale qui fait souffrir plus d’un gabonais.
Vous annoncez la tenue d’un séminaire,quel est le thème choisi pour ces assises et pour quel objectif ?
Le séminaire qui va se tenir en fin de semaine nous a permis d’inviter madame le ministre en charge du travail. Certains premiers responsables des confédérations sœurs ont été invités, parce que nous savons qu’au cours de ce séminaire, ce sont des connaissances transversales qui vont être partagées aux participants et par conséquent, pour nous permettre de parler un seul et même langage au cours des assises qui vont s’organiser incessamment.
Et se rappeler devant la loi que la Cosyga a une session de formation pour permettre aux uns et aux autres d’être au diapason pour les prochaines assises. Donc, j’invite tous les travailleurs et tous les syndicalistes gabonais à cette rencontre pour ne pas épiloguer sur les postes de nomination mais pour se projeter vers ce qui va nous réunir le plus, c’est-à-dire les lois qui sortiront à l’issue de cette rencontre.