Le 16 novembre, le peuple gabonais a rendez-vous avec sa destinée. Nous allons devoir nous prononcer sur le “oui” ou le “non” lors du référendum portant sur la nouvelle constitution.
Très chers (es) compatriotes
En tant que gabonais, il y a tant d’éléments qui nous différencient les uns des autres, comme notre lieu de naissance, l’endroit où nous vivons, notre niveau social, notre niveau d’instruction, notre groupe ethnique ou religieux, … En tant que citoyens, différents les uns des autres, notre sentiment d’identité nationale est fondée sur les éléments suivants :
– Le fait d’appartenir à une même civilisation Bantu,
– Le fait d’avoir la même nationalité gabonaise,
– Le fait d’être issus (es) de la même histoire,
– Le fait d’avoir reçu comme héritage commun la langue française,
– Le fait d’être sous le sceau d’une même loi fondamentale : la constitution
La constitution est l’élément pour lequel et sur lequel nous avons une emprise sur la construction d’une unité et d’une identité nationale. Contrairement aux autres éléments cités plus haut, fruit de notre histoire, pour la création et la construction de notre nation, née des larmes, du sang et du chaos.
Comme inscrit dans le préambule : ” Porté par l’esprit du 30 août, entend reprendre vers l’édification d’un État de droit garant des droits et libertés fondamentaux”, cette disposition permettra à l’avenir, à n’importe quel acteur politique ou groupe armé, prétendant que l’esprit du 30 août a été violé ou corrompu, de prendre ses responsabilités en s’engageant dans un coup d’État qu’ils qualifieraient de coup de libération.
Comme indiqué dans l’article 2 : ” La fête de la libération est célébrée le 30 août”, il est concédé aux acteurs politiques et autres groupes armés, jugeant que si l’esprit de la libération n’est pas respecté car institutionnalisé par une fête nationale, ceux-ci ont le droit, au nom de la défense de la constitution, de renverser n’importe quel pouvoir établi qu’ils jugeraient antipatriotique ou anti républicain.
L’article 169, parlant ” de l’amnistie des acteurs des évènements allant du 29 août à l’investiture du président de la transition” est une indication et un appel d’air, pour tout groupe armé désirant faire un coup d’État, car celui- ci sera protégé par la constitution qui amnistie tout acteur ayant constitué un coup d’État qu’il baptiserait “coup de libération” pour rester dans l’esprit de la constitution.
Mieux, l’article 169 est renforcé par l’article 170 : ” Les acteurs des évènements allant du 29 août 2023 à l’investiture du président de la transition ne seront ni poursuivis, ni condamnés. Une loi d’amnistie sera adoptée à cet effet.” Cela signifie clairement que les acteurs politiques et autres groupes armés, s’engageant dans des coups d’État au Gabon, ne seront jamais poursuivis par aucune juridiction.
Le préambule, l’article 2, l’article 169 et l’article 170 renforcent l’idée et institutionnalisent le coup d’État baptisé “coup de libération” comme l’une des possibilités constitutionnelles d’alternance du pouvoir en République Gabonaise.
Lorsque nous serons dans l’isoloir, le choix que nous ferons aura des conséquences sur nos vies présentes et futures.
Lorsque nous serons dans l’isoloir, nous devons avoir en mémoire tous (tes) ceux (celles) qui eurent à lutter pour les libertés du peuple gabonais. En votre âme et conscience, d’après vous, comment auraient-ils voté ?
Lorsque nous serons dans l’isoloir, ayons toujours à cœur que notre choix engage nos descendants. Ils vivront sous le sceau des positions qui seront les nôtres aujourd’hui.
Ayons toujours à l’esprit qu’une constitution est le reflet des valeurs, des principes, et de l’histoire d’un peuple et d’une nation.
Aucune constitution dans le monde n’est parfaite. Une constitution est construite autour des plus grands dénominateurs communs.
Même Jésus Christ ou le prophète Mahomet n’ont pas fait l’unanimité.
Cette constitution elle-même ne pourra pas faire l’unanimité. Mais par contre, aucune constitution dans le monde ne fait l’apologie des coups d’État.
C’est sur cet élément que j’appelle le peuple et la nation à se battre et à s’indigner.
Afin de protéger la République et ses institutions ;
Afin de ne pas vivre dans la peur et l’insécurité ;
Afin de protéger les générations futures de toute tentative de déstabilisation de la République et de la nation ;
En tant que citoyen(ne) gabonais(e) :
– nous avons le devoir de protéger le Gabon contre toutes les dérives qui menaceraient le pays dans toutes ses composantes
– Nous avons le droit de nous indigner, de prendre fait et cause dans la lutte de ce que nous considérons comme juste et sacré.
Le 16 novembre, fils et filles de ce pays, votons “non”. Opposons-nous à la légitimation et à l’apologie des coups d’État.
La grandeur d’une nation se lit à l’engagement, au courage et à la détermination de son peuple.
Que Dieu bénisse l’Afrique
Que Dieu bénisse le Gabon
Ensemble et unis (es), protégeons l’avenir.
Jerry PAMBO
Secrétaire Exécutif Adjoint de RÉAGIR