Par Stive Roméo Makanga
Dans un communiqué dont Kongossanews a obtenu copie, Lambert Noël Matha, le patron de l’Intérieur a annoncé le début d’une vaste opération de contrôle des titres de séjour des étrangers, laquelle devrait tout naturellement se solder par « le refoulement vers leurs pays d’origine, de tous les étrangers qui seront interpellés ».
Si cette annonce du membre du gouvernement est motivée par la volonté des plus hautes autorités, en tête desquelles le président de la République, qui souhaite (et on l’imagine bien) mettre un terme aux séjours irréguliers de sujets étrangers sur le sol gabonais et parvenir à un contrôle optimal du flux migratoire, il reste que la sincérité de cette opération est sujette à caution.
En effet, la sincérité de Lambert Noël Matha pourrait être trucidée (ainsi qu’elle l’a déjà été par le passé) par ses propres hommes.
Dire que les opérations de contrôle des titres de séjour des étrangers est une aubaine, une opportunité à la lisière du providentiel sonne comme une lapalissade.
En effet, il s’agit d’un “gombo” beaucoup trop juteux pour certains policiers à la conscience professionnelle dénaturée et la déontologie décarcassée.
Mais situons bien le sujet. Selon les données officielles illustrées par le responsable du Bureau central du recensement, Noel Moussavou, à la faveur de la commémoration de la journée africaine de la statistique le 18 novembre 2016, le Gabon accueillait alors 352 600 étrangers, soit 20% de la population. Beaucoup trop, pour certains observateurs.
Et, qu’en est-il de ceux en situation irrégulière ? Nul n’ose imaginer.
En 2018, un réseau de passeurs opérant dans la zone du Cap Estérias avait été démantelé par le ministère de l’intérieur.
Sauf qu’en dehors des individus, souvent identifiés comme des cerveaux de réseaux de ce type, les policiers aux frontières sont eux-aussi souvent dénoncés comme faisant partie de la même chaîne.
Ce qui expliquerait la porosité des frontières gabonaises.
De plus, lors des opérations de contrôle des titres de séjour des étrangers, les policiers sont aussi très souvent dénoncés pour se compromettre, cela en relâchant systématiquement les clandestins interpellés après perception de petits pots de vin.
De fait, l’on s’interroge sur l’efficacité de la mission que mettra en oeuvre le ministère de l’intérieur, lorsqu’on sait que dans ses troupes existent des personnes aux pratiques peu recommandables.