Par Stive Roméo Makanga
La tradition exige qu’en cette période précise de l’année, les autorités politiques, quelle qu’elles soient, s’adressent aux populations. Un moment à la fois décisif et solennel, au cours duquel la description du microcosme socio-politique, entre autres, est tenue de s’exprimer avec la plus grande justesse.
Se prêtant à cet exercice Républicain, le chef de file des Patriotes a dépeint dans son adresse à la nation une année 2022 marquée « par le recul de notre pays dans tous les domaines ». Et ce, bien plus que toutes les années qui l’ont précédé. Un fait qu’il présente comme non équivoque, parce que centré sur une analyse objective.
Pour Alexandre Barro Chambrier, une chose demeure certaine : « le Gabon (…) va mal, très mal du fait d’une gouvernance calamiteuse ». Il en veut pour preuve que le difficile accès aux soins de santé primordiaux, à l’alimentation et à la scolarisation des gabonais constituent une vraie préoccupation, que rien d’ailleurs ne saurait occulter.
Une vérité indubitable constatée à l’occasion de ses nombreux périples à travers l’hinterland. « J’ai acquis cette conviction en parcourant tout le Gabon où j’ai pu mesurer l’ampleur du désastre et les attentes des populations », formule-t-il.
Agrégé en économie, Alexandre Barro Chambrier fustige « l’improvisation » qui, pratiquée en cette période au sommet de l’Etat, est loin de permettre la promotion d’une vraie croissance économique et inclusive.
Cela dit, la dette historique jamais atteinte par le Gabon, l’augmentation de la pauvreté, de la misère des populations, du chômage des jeunes et l’inflation sans cesse grandissante ne sont, en son sens, que de très justes conséquences de la gabegie traduite avec cette sorte d’impénitence que rien n’a pu jusqu’ici arrêter.
Abordant également les thèmes de l’absence d’infrastructures représentatives, de l’arrêt du trafic ferroviaires ces jours derniers par suite de mauvaises préventions en ce domaine, avec pour corolaires la pénurie des produits de première nécessité dans les zones desservies par le train, Alexandre Barro Chambrier passe au crible tous ces secteurs essentiels.
« L’accès à l’électricité demeure un luxe pour nombre de ménages, notamment, à l’intérieur du pays et il n’est pas rare de voir les principales artères de nos villes plongées, la nuit, dans l’obscurité totale exposant à l’insécurité de paisibles citoyens » déplore-t-il. Poursuivant : « Les infrastructures sanitaires et scolaires sont, quant à elles, déstructurées et loin de répondre aux besoins essentiels des usagers. L’hôpital manque de tout, médicaments, dispositifs médicaux, équipements et personnels. Dans certaines maternités des femmes et leurs nourrissons dorment à même le sol. En ce qui concerne l’école, les effectifs sont toujours aussi pléthoriques, les enseignants en nombre insuffisant et les outils pédagogiques notoirement limités. »
La difficulté des retraités d’entrer en possession de leurs titres de pension et de leurs services rendus, l’absence d’un authentique dialogue social, les récurrentes paralysies des administrations du fait des grèves, sont autant de facteurs symptomatiques d’une mauvaise gestion de la chose publique.
Pour le président du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), tous ces éléments, placés bout en bout devraient servir de substrat pour un changement de paradigmes, tel que manifesté par l’Opposition gabonaise.
« Dans tout pays sérieux, au terme d’un mandat à la tête de l’Etat, celui qui exerce le pouvoir a l’obligation de présenter au peuple un bilan. », fait-il observer.
« Malheureusement chez nous, conscient que celui-ci est proche de zéro, le régime cherche à distraire les populations pour ne pas se soumettre à cette exigence démocratique. Il se lance au contraire dans une fuite en avant inespérée, en faisant valoir une soi-disant espérance ou un fumeux « Gabon d’après ». », lâche-t-il.
Sur quoi, le leader du RPM estime qu’il est dans l’absolu impossible de nourrir un quelconque espoir sur un prétendu « Gabon d’Après », nouveau mantra des plus hautes autorités, réitéré à la faveur du tout récent congrès du Parti Démocratique Gabonais (PDG).
« Le véritable espoir c’est nous, c’est l’opposition Gabonaise. »
Balayant d’un revers de main toutes les assertions des tenants du Pouvoir, particulièrement décidés à rempiler au terme de l’échéance électorale majeure de 2023, Alexandre Barro Chambrier soutient que le véritable espoir réside dans l’opposition Gabonaise. « Il ne tient donc qu’à nous de mettre fin à une situation aussi désastreuse. Oui, avec la volonté et la détermination, il nous est possible de tourner cette sombre page de l’histoire du Gabon ».
Dans un élan de mobilisation, Barro Chambrier évoque les idées de réappropriation du pays, de reprise en mains de son destin, condition sine qua non d’un nouveau départ, d’un réel progrès social, d’un redressement économique, pour parvenir à une indubitable prospérité partagée.
« Je demande à la jeunesse gabonaise de garder espoir, de s’engager et d’être les acteurs du Gabon Moderne que nous voulons bâtir »
Conscient de ce que la jeunesse représente 65% de la population Gabonaise, Alexandre Barro Chambrier n’hésite pas de formuler un message de « rassemblement », de « mobilisation » et d’ « engagement » avec cette perspective d’imposer une alternance et un changement qu’il estime cruciaux pour atteindre « la liberté, la démocratie, la bonne gouvernance et l’Etat de droit », tel que voulu par les populations.
« Le pouvoir en place a toujours cherché et continuera à vouloir nous diviser. C’est la raison pour laquelle, je milite pour l’unité des forces de l’opposition et le rassemblement de tous les patriotes ».
Pour le fils Chambrier, l’élaboration d’une plateforme minimale des partis de l’Opposition est entièrement possible, ce en faisant preuve de bonne volonté, et « en mettant le Gabon au-dessus de toute autre considération ».
Cependant, toutes les certitudes énoncées ne sont possibles que par l’inscription massive des Gabonais en âge de voter sur les listes électorales, ce dès l’ouverture de la campagne d’enrôlement.
« Il nous faut, notamment, réduire le taux d’abstention qui reste encore trop élevé et que le pouvoir utilise comme une variable d’ajustement des résultats en vue d’atteindre ses sombres desseins. » explicite-il, convaincu que le respect de cette première consigne constitue l’élément déclencheur de tout.
Résolu, engagé, déterminé…Alexandre Barro Chambrier promet de profonds chambardements pour 2023, année charnière.