Par Stive Roméo Makanga
La communauté musulmane du Gabon est profondément secouée par une crise sans précédent. Nonobstant l’intervention personnelle du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, le groupe de dissidents conduit par l’imam Benyamine Andjoua Obolo ne compte pas se conformer aux décisions unanimement prises dans le cadre du bureau intérimaire formé au cours d’une audience consacrée, au Palais Rénovation, dans la perspective de ramener la sérénité.
Face au climat délétère qui prévaut, le Chef de l’Etat, président de la Transition, le général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, avait décidé d’intervenir pour rétablir un climat de sérénité au sein de la communauté musulmane du Gabon. C’est pourquoi le 7 février 2024, il avait reçu une délégation composée des leaders et représentants des deux groupes en vue de trouver une solution pacifique à cette crise.
Lors de cette audience, un bureau intérimaire avait été formé devant le président de la Transition, avec à sa tête l’imam Benyamine Andjoua Obolo. Le bureau avait alors pour mission d’élaborer une nouvelle charte de la communauté, d’organiser le congrès de cette dernière et de proposer les futurs chefs du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon (CSAIG). Un bureau paritaire avait également été constitué pour travailler sur ces questions.
Violation flagrante de l’esprit de réconciliation :
Cependant, des tensions sont apparues lorsque l’imam Benyamine Andjoua Obolo a décidé de manière unilatérale de mettre en place une commission préparatoire décrite comme « partisane », en violation de l’esprit de réconciliation et de la médiation présidentielle. Un fait fortement dénoncé.
Ainsi, cette commission lui aurait permis de changer la dénomination du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon et de transférer son patrimoine à son association en cours de création. Cette décision, perçue comme une forfaiture, a davantage créé une situation qui s’éloigne de l’esprit de la réconciliation, d’une part ; et qui ne favorise pas le retour au calme au sein de la communauté musulmane, notamment à l’approche du mois du Ramadan, d’autre part.
« Or, en violation flagrante de l’esprit de la réconciliation et de la médiation présidentielle, monsieur Benyamine Andjoua Obolo qui se voit déjà en futur responsable de la Communauté musulmane, a décidé de manière unilatérale de consacrer à la forfaiture en mettant en place une commission préparatoire fondamentalement partisane, qui lui permet de tailler à sa mesure l’institution islamique en changeant la dénomination du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon et en transférant son patrimoine à son association en cours de création », ont-il dénoncé.
Face à cette situation conflictuelle, les membres du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon ont décidé de ne pas participer au Congrès dans les conditions actuelles de préparation. Ils estiment notamment que l’imam Benyamine Andjoua Obolo a exclu le comité désigné par le président de la Transition, pour travailler avec son association, la Haute autorité, et qu’il mène ses actions en l’absence de ce comité. Il ressort dans les vidéos dont notre Rédaction a obtenu copie, que l’imam apparaît seul lors de ses sorties officielles, sans la présence du comité désigné par le chef de l’État.
Aussi déplorable que cela puisse paraître, la crise au sein de la communauté musulmane du Gabon persiste malgré la médiation du président de la Transition, le général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Les membres du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques du Gabon ont donc exprimé par le truchement d’une déclaration tout leur désaccord avec les décisions unilatérales prises par l’imam Benyamine Andjoua Obolo, en contradiction avec les accords de médiation présidentielle.
La crise en cours trouvera-t-elle une voie de résolution ? Probablement. Pour l’instant, l’imam dissident maintient sa perspective, au mépris de tout.