Par Pauline Ntsame
Ce 24 septembre 2024 courant, le ministère du Travail a poursuivi sa vaste campagne de contrôle, de conseil et de sensibilisation destinée à faire respecter les dispositions du nouveau Code du Travail, en vigueur depuis 2021. Cette opération, d’envergure nationale, a débuté à Owendo, précisément à la société Foberd. Le tour est donc revenu aux entreprises présentes au carrefour la Sni, avant de s’étendre progressivement à d’autres localités du pays, sous la supervision d’Alain Afanere Mevyann, Secrétaire général dudit ministère. Cette initiative marque une étape cruciale dans l’effort de redéploiement de l’administration du Travail sur le terrain, un retour attendu après quatorze longues années d’absence.
Une mission sous la supervision des hauts responsables du ministère
L’opération de contrôle menée ce mardi a rassemblé plusieurs équipes composées majoritairement d’agents du ministère du Travail, dont les inspecteurs du travail. Cette descente sur le terrain a été orchestrée avec rigueur, sous l’œil attentif des hauts responsables du ministère, dont Alain Afanere Mevyann, garant du bon déroulement des opérations. Ce dernier a rappelé que l’objectif premier de cette initiative n’est pas simplement de réprimer, mais avant tout de sensibiliser employeurs et salariés au respect des dispositions contenues dans le Code du Travail. « Aujourd’hui, nous venons sur le terrain pour sensibiliser non seulement les employeurs, mais aussi les salariés, car bien souvent, ces derniers ne connaissent pas suffisamment leurs droits. Notre opération consiste à leur apporter cette information cruciale », a souligné M. Mevyann.
Une initiative de sensibilisation aux aspects du Code du Travail
Cette première phase de l’opération, qui a démarré dans le Grand Libreville, constitue le point de départ d’une campagne qui s’étendra sur une période de deux mois. Après le carrefour SNI d’Owendo, les équipes du ministère se rendront à Akanda, poursuivant ainsi leur itinéraire de sensibilisation. Ce travail de terrain a pour but d’annoncer une nouvelle phase dans la politique de régulation du marché du travail, d’autant plus qu’une telle opération d’envergure n’avait pas été menée depuis 2010.
Le Secrétaire général du ministère a insisté sur l’importance de cette démarche, estimant que l’absence prolongée des autorités du travail sur le terrain avait permis à certains opérateurs économiques de s’adonner à des pratiques préjudiciables aux droits des travailleurs. « Notre absence prolongée a malheureusement donné lieu à de mauvaises habitudes, notamment des pratiques de maltraitance des salariés, parfois par ignorance ou par mauvaise foi », a-t-il déclaré.
L’intervention de ces agents du ministère vise à rétablir l’ordre en matière de droits du travail, en rappelant aux opérateurs économiques leurs obligations légales, tout en informant les employés de leurs droits. Cette mission se veut préventive et pédagogique, mais elle pourrait, en cas de manquements persistants, se transformer en une campagne de répression, avec l’intervention de la brigade de contrôle pour sanctionner les contrevenants.
Un cadre de dialogue social et des conditions de Travail améliorées
Le nouveau Code du Travail, entré en vigueur en 2021 vient renforcer les dispositions spécifiques destinées à améliorer les conditions de travail et à renforcer le dialogue social au sein des entreprises. Les équipes de contrôle ont pour mission de veiller à l’application de ces mesures. Elles doivent s’assurer que chaque entreprise dispose de délégués sociaux et que les conditions de sécurité au travail sont respectées. «Nous devons nous assurer que les conditions de sécurité sont optimales dans les entreprises, mais aussi que les salariés disposent de représentants qui puissent faire remonter leurs revendications auprès des employeurs, conformément aux dispositions du dialogue social prônées par le Code du Travail », a-t-il précisé.
Des faux inspecteurs : une problématique à résoudre
Outre les irrégularités relevées dans la gestion des relations de travail, une autre problématique a été mise en lumière lors de cette opération : la prolifération de faux inspecteurs du travail. Alain Afanere Mevyann a tenu à avertir les opérateurs économiques quant à la présence de ces individus malintentionnés qui, profitant de la longue absence des autorités légitimes sur le terrain, extorquent les entreprises sous de faux prétextes, souvent en se faisant accompagner de forces de sécurité.
« Depuis quelque temps, des individus se font passer pour des inspecteurs du travail, souvent en se présentant accompagnés de policiers ou de gendarmes, pour mieux intimider les employeurs. Cela nous cause beaucoup de tort. Je tiens donc à rappeler que les vrais agents du ministère du Travail ne sont jamais accompagnés de forces de sécurité lors de leurs missions de contrôle », a-t-il averti. Cette descente sur le terrain vise également à éradiquer ces pratiques frauduleuses en réaffirmant l’autorité des véritables agents du ministère du Travail.
Une collaboration interministérielle pour une opération globale
L’opération en cours n’aurait pas pu voir le jour sans la collaboration avec d’autres administrations publiques. Les agents du ministère du Travail ont pu bénéficier de l’appui de l’administration des Comptes publics. Cet effort conjoint pourrait se renforcer dans les semaines à venir, avec l’inclusion de nouvelles administrations dans le cadre des missions de contrôle. En octobre prochain, la campagne se déplacera à Port-Gentil, où des délégations interviendront en coopération avec d’autres secteurs, tels que les hydrocarbures, pour inspecter les entreprises pétrolières, ou encore les services de l’Environnement.
« Nous espérons que les prochaines opérations se feront en synergie avec d’autres administrations, notamment celles des hydrocarbures, car nous avons beaucoup de problèmes à résoudre dans le secteur pétrolier. Il est également essentiel de travailler avec les services de l’environnement, pour garantir des inspections complètes et conformes aux normes établies »,a ajouté le Secrétaire général du ministère du Travail.
Des sanctions en cas de manquements avérés
Si cette opération se veut avant tout pédagogique, des sanctions pourront toutefois être prises en cas de violations flagrantes des dispositions du Code du Travail. « Là où la mauvaise foi est avérée, des sanctions seront appliquées, même dans cette phase de sensibilisation. Il n’y a pas de place pour la complaisance envers les opérateurs économiques qui persistent dans leurs pratiques illégales » a martelé Alain Afanere Mevyann. Pour les opérateurs de mauvaise foi, les sanctions seront sévères, et la brigade de contrôle n’hésitera pas à intervenir pour réprimer les abus constatés. La sensibilisation cède alors la place à la répression, pour protéger les droits des travailleurs et garantir un cadre de travail décent.
« Nous sortons d’un magasin où nous avons pu échanger avec les salariés. Certains sont visiblement traumatisés par leurs conditions de travail. C’est précisément ce genre de situations que nous ne voulons plus voir », a déclaré le Secrétaire général Alain Afanere Mevyann, avant d’ajouter : « Notre mission est de nous assurer que chaque salarié bénéficie de conditions de travail décentes, conformément aux principes de dignité humaine et de justice sociale. »
Une opération pérenne : vers une présence continue sur le terrain
Le ministère du Travail souhaite que cette opération marque le début d’une nouvelle ère, avec une présence renforcée sur le terrain. Après quatorze années sans contrôles d’envergure, l’administration entend bien maintenir cette dynamique et poursuivre ses actions de sensibilisation et de répression sur le long terme. « Ce n’est pas un coup d’éclat. Nous venons pour annoncer notre retour sur le terrain, qui se fera année après année, avec l’espoir de pérenniser ces opérations de contrôle », a-t-il conclu.
Ce redéploiement est donc perçu comme une réponse attendue aux dérives qui ont marqué les relations de travail ces dernières années. Le ministère du Travail entend jouer pleinement son rôle de garant du respect des droits sociaux, tout en apportant les ajustements nécessaires pour améliorer les conditions de vie et de travail des salariés sur l’ensemble du territoire national.