Par Joseph Mundruma
Mercredi soir, le domicile d’Hervé Patrick Opiangah, président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS), a été pris d’assaut par des éléments de la Garde Républicaine et de la Police Judiciaire. Cette intervention, survenue à la veille de son audition prévue ce jeudi, fait naître de nombreuses questions sur les motivations réelles derrière cette opération.
Selon des sources fiables, cette descente a eu lieu malgré le report de la convocation initialement prévue à ce mercredi midi. Les avocats de l’homme politique avaient obtenu, auprès de la direction des Affaires criminelles, un délai pour permettre à leur client de se présenter le lendemain. Toutefois, en dépit de cet accord, les forces de sécurité se sont déployées en grand nombre autour de son domicile, neutralisant sa garde personnelle et laissant ses proches sans nouvelles.
Ce développement inattendu intervient dans un contexte où Hervé Patrick Opiangah, ancien ministre des Mines, est convoqué dans une affaire portant sur des soupçons d’inceste présumé. Selon un confrère relayant des informations via les réseaux sociaux, la plainte aurait été transmise par le tribunal de Lambaréné, et le plaignant aurait été entendu à Libreville la veille. Cependant, cette procédure judiciaire, bien qu’extrêmement sensible, ne justifie pas à première vue le recours à des moyens aussi disproportionnés, en particulier l’implication de la Garde Républicaine.
Gabon : Hervé Patrick Opiangah convoqué à la Direction des Affaires Criminelles…
La situation interpelle d’autant plus que la démarche judiciaire semblait suivre son cours normal avec une convocation officielle déposée à 9 heures pour une audition à midi. Devant cette courte échéance, les avocats d’Hervé Patrick Opiangah avaient légitimement plaidé pour un report, estimant qu’un délai aussi serré contrevenait aux règles élémentaires de justice. La seconde convocation fixée à ce jeudi matin semblait résoudre la question, jusqu’à l’intervention musclée de ce mercredi soir.
Ces événements posent une série de questions cruciales. Pourquoi une telle opération nocturne alors qu’une audition formelle était déjà programmée pour le lendemain ? Pourquoi mobiliser des éléments de la Garde Républicaine dans une affaire relevant exclusivement des compétences de la Police Judiciaire ? Ces anomalies, combinées à l’absence de justification pour la menace pesant sur les membres de la famille d’Hervé Patrick Opiangah, alimentent la suspicion d’un règlement de comptes politique plutôt qu’un traitement impartial d’un dossier judiciaire.
Par ailleurs, il est difficile de dissocier cette affaire de la posture politique de l’intéressé. Récemment, Hervé Patrick Opiangah a pris ses distances avec le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), notamment lors de la campagne référendaire sur le projet de nouvelle Constitution. Il avait marqué son opposition en soutenant le « non », un choix qui contraste avec les promesses du président de la Transition de respecter les divergences d’opinion. Cette position pourrait-elle être à l’origine de cette pression inhabituelle ?
Alors que le Gabon vient de valider par référendum une Constitution censée incarner un renouveau démocratique et promouvoir le vivre-ensemble, de telles pratiques rappellent les excès du régime déchu. Ces méthodes coercitives, associées à l’utilisation de forces armées dans des affaires judiciaires civiles, risquent de ternir l’image de la Transition et de saper la confiance des populations et des partenaires internationaux du pays.
En définitive, il devient impératif de clarifier cette situation. Si des soupçons graves pèsent effectivement sur Hervé Patrick Opiangah, la justice doit suivre son cours de manière transparente et dans le strict respect des droits fondamentaux. Toutefois, l’utilisation de méthodes rappelant un régime autoritaire pourrait renforcer l’idée que cette affaire est avant tout une manœuvre politique visant à museler une voix dissidente.
Le Gabon, à ce tournant de son histoire, ne peut se permettre de sombrer dans des pratiques qui bafouent les idéaux démocratiques. La vigilance s’impose pour éviter que les promesses de rupture avec les dérives passées ne deviennent de simples slogans, vidés de leur substance. Les Gabonais, eux, attendent des autorités une conduite exemplaire et des actions conformes aux engagements pris devant la nation.