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Dr Marie Itsana, présidente du Front des Citoyens pour la Transparence Électorale (FCTE), saisit la Cour constitutionnelle pour invalider les candidatures à l’élection présidentielle

Par Stive Roméo Makanga

Dr Marie Itsana, présidente du Front des Citoyens pour la Transparence Électorale (FCTE), a tenu une conférence de presse mercredi 19 mars courant au cours de laquelle elle a annoncé avoir officiellement saisi la Cour constitutionnelle. Cette initiative vise à invalider les candidatures pour l’élection présidentielle prévue le 12 avril 2025.

Dans un discours solennel lu devant un parterre de journalistes, le Dr Itsana a expliqué les motivations de cette démarche. Selon elle, les fondements de la démocratie gabonaise sont menacés par des irrégularités majeures, parmi lesquelles l’inapplicabilité de l’article 170 du Code électoral, qui rendrait tous les candidats inéligibles.

Dr Itsana a souligné que l’article 170 exige que les candidats à la présidentielle produisent les actes de naissance de leurs parents géniteurs. Cependant, elle a rappelé que les parents de tous les candidats retenus sont nés avant l’érection de la nationalité gabonaise, survenue avec la promulgation de la Constitution de 1959. Ainsi, ces derniers étaient soit des indigènes sous le régime colonial, soit des citoyens français après la Constitution française de 1946, mais ne pouvaient en aucun cas revendiquer une nationalité gabonaise inexistante avant cette date.

« Avant 1959, la nationalité gabonaise n’existait pas juridiquement », a-t-elle déclaré. « Les ressortissants du Gabon étaient soit des indigènes sans citoyenneté formelle, soit des citoyens français dans le cadre de l’Union française. »

Elle a également mis en exergue l’injustice historique liée au statut d’indigène, en vertu duquel les individus n’avaient aucun droit civique ou nationalité propre. Ces statuts ont été abolis progressivement entre 1945 et 1946, mais cela n’a donné lieu qu’à une citoyenneté française, jamais gabonaise, avant la création de la République gabonaise.

Au-delà des questions de nationalité, Dr Itsana a dénoncé l’organisation biaisée du scrutin. Elle a critiqué la double casquette du ministre de l’Intérieur, organisateur de l’élection, tout en étant nommé par le Président de la Transition, lui-même candidat à cette élection. Elle a également fustigé la composition des commissions électorales, qu’elle juge dominées par des apparatchiks du régime précédent, compromettant leur impartialité.

Pour Dr Itsana, ces éléments constituent des violations graves des principes démocratiques. Elle a exhorté la Cour constitutionnelle à prendre ses responsabilités en invalidant toutes les candidatures jusqu’à ce que des garanties solides soient mises en place pour assurer un scrutin équitable et conforme à l’État de droit.

La présidente du FCTE a conclu son allocution en réitérant son engagement pour une élection transparente et juste. « Nous ne pouvons permettre que des processus électoraux, piliers de notre démocratie, soient détournés à des fins partisanes ou faussés par des incohérences juridiques. Il en va de l’avenir de notre République », a-t-elle affirmé.

Lors des échanges avec les journalistes, Dr Itsana a réitéré que la présentation des actes de naissance des parents géniteurs est indispensable pour vérifier l’éligibilité des candidats. Elle a appelé à une réforme en profondeur des mécanismes électoraux, afin de garantir une égalité de traitement pour tous les prétendants.

Le dépôt de ce recours marque un tournant dans le débat politique national, posant la question cruciale de l’équilibre entre la souveraineté démocratique et le respect des droits historiques des citoyens gabonais. Reste à savoir si la Cour constitutionnelle répondra favorablement à cet appel à la transparence et à l’équité électorale.

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