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Opiangah Gate : une affaire qui ébranle la transition gabonaise et menace des milliers d’emplois

Par Stive Roméo Makanga

La conférence de presse tenue par l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS) ce jeudi 20 mars 2025 a davantage présenté une affaire qui dépasse largement le cadre d’un simple différend juridico-politique (c’est le cas de le dire). L’« Opiangah Gate », comme l’a baptisé l’UDIS, est devenu un symbole des tensions qui traversent le Gabon en pleine transition politique.

À travers cette déclaration, le parti d’Hervé Patrick Opiangah, homme d’affaires et leader politique, interpelle à la fois le pouvoir en place, la justice et l’opinion publique, tout en posant une question fondamentale : la transition gabonaise tient-elle ses promesses de restauration de la dignité et de la justice sociale ? Question! Comme aiment à le dire les ivoiriens.

Aussi vrai qu’on se le représente, Hervé Patrick Opiangah est présenté par l’UDIS comme un « capitaine d’industrie » et un « promoteur du rêve gabonais » qui incarne une success story nationale. Depuis près de 40 ans, ses entreprises, regroupées au sein de la holding HPO & Associés, ont contribué à l’économie gabonaise en créant des milliers d’emplois dans des secteurs clés comme l’agroalimentaire, les transports, les mines et la santé.

Pourtant, depuis novembre 2024, ces entreprises ont été fermées arbitrairement, plongeant des milliers de familles dans la précarité. Aujourd’hui, fort vigoureusement, l’UDIS dénonce une « justice instrumentalisée » et un « gangstérisme politique », accusant le pouvoir de vouloir « sacrifier » Opiangah sur « l’autel de sombres calculs politiciens ».

Mais au-delà du sort réservé à Opiangah, cette affaire révèle des enjeux plus larges. D’abord, elle met en relief les fragilités d’une économie gabonaise encore trop dépendante du pétrole. Les entreprises d’Opiangah, qui opèrent sans soutien de l’État, représentent un modèle de diversification économique et de création de richesses locales. Leur fermeture risque de renforcer la dépendance du pays aux hydrocarbures, tout en privant des milliers de Gabonais de leurs moyens de subsistance.

Ensuite, l’« Opiangah Gate » interroge la crédibilité de la transition menée par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Celui-ci, qui se présente comme un défenseur de la dignité et de la justice sociale, est aujourd’hui sommé de passer « de la parole aux actes ». L’UDIS lui rappelle que la dignité ne se restaure pas à moitié : elle exige des décisions courageuses et équitables. Le silence du pouvoir face à cette crise pourrait être perçu comme une trahison des promesses faites au peuple gabonais.

Face à cette situation, l’UDIS ne compte pas rester les bras croisés. Le parti a annoncé son intention d’organiser des marches, des rassemblements et des sit-in à travers le pays pour protester contre ce qu’il qualifie d’« injustice sociale et politique ». Cette mobilisation, si elle se concrétise, pourrait marquer profondément la vie politique gabonaise, en révélant les fractures entre un pouvoir en quête de légitimité et une population en attente de changements tangibles.

L’« Opiangah Gate » est bien plus qu’une affaire judiciaire ou politique. C’est un révélateur des défis auxquels le Gabon est confronté en cette période de transition. Pour le général président, il s’agit d’une opportunité de prouver que ses promesses de restauration de la dignité et de la justice sociale ne sont pas de vains mots. Pour l’UDIS et les milliers de Gabonais affectés par cette crise, c’est un combat pour la survie économique et sociale.

Dans un pays où les espoirs de changement sont immenses, cette affaire rappelle une vérité simple : la dignité ne se décrète pas, elle se construit par des actes. L’affaire Opiangah, tant qu’elle ne sera pas réglée, continuera de plomber l’image et la crédibilité de toute la transition. Comme c’est dommage !

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