Campagne présidentielle : le Rassemblement des Bâtisseurs rompt avec les pratiques mercantiles traditionnelles
Par Agnès Limori
Alors que la campagne présidentielle gabonaise entre dans sa phase décisive, le Rassemblement des Bâtisseurs (RDB) se distingue par une approche politique inédite. Porté par Brice Clotaire Oligui Nguema, ce mouvement émergent oppose un refus catégorique aux pratiques clientélistes qui ont longtemps caractérisé la vie politique gabonaise, préférant promouvoir une nouvelle éthique du débat public.
En effet, dans un paysage politique habitué aux tractations opaques et aux alliances de circonstance, le RDB fait figure d’exception. Contrairement aux « partis gazelles » – ces structures éphémères créées à des fins électoralistes –, le mouvement revendique une approche résolument différente.
« Nous ne marchandons pas nos convictions », affirme un cadre du mouvement, tout en reconnaissant que cette position déroute certains acteurs politiques traditionnels. Cette singularité s’observe particulièrement dans les rapports avec les leaders associatifs et politiques.
Alors que les demandes de fonds de campagne et les tentatives de chantage constituent une pratique courante lors des scrutins précédents, le RDB oppose une fin de non-recevoir systématique. « Certains interlocuteurs sont déconcertés par notre refus de jouer selon leurs règles », confie un membre de la direction, faisant allusion aux acteurs habitués à monétiser leur influence politique.
L’approche du mouvement semble néanmoins trouver un écho favorable au-delà de ses seuls partisans. Des figures politiques expérimentées comme Owondault Berre, Charles Mba ou encore l’ancienne ministre Paulette Missambo ont rejoint ses rangs, séduites par son discours réformateur.
Même Alexandre Barro Chambrier, pourtant issu du sérail traditionnel, apporte son soutien à cette initiative qui promet de « redonner la parole aux citoyens ». Le succès de cette stratégie repose sur un discours axé sur trois piliers : transparence, justice sociale et responsabilité politique. « Notre objectif n’est pas d’acheter des consciences à 5000 FCFA », lance un militant, en référence aux pratiques de corruption électorale qui ont marqué les précédentes consultations.
Cette posture semble particulièrement séduire les jeunes et les citadins, lassés par des années de combines politiciennes. Pourtant, cette ligne politique n’est pas sans risque. D’une part, elle expose le mouvement à des pressions croissantes à mesure que le scrutin approche. D’autre part, elle pose la question de sa pérennité après les élections : conçu comme une plateforme électorale, le RDB devra-t-il se transformer en parti politique stable ou disparaître une fois le vote passé ?
Quoi qu’il en soit, Brice Clotaire Oligui Nguema et ses soutiens maintiennent leur cap, quitte à bouleverser les codes établis. Dans un pays où la politique a trop souvent rimé avec calculs et opportunisme, le Rassemblement des Bâtisseurs tente d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire politique gabonaise. Le verdict des urnes dira bientôt si cette audace correspond aux attentes des citoyens.
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