La mafia des cartes grises : une source de conflits judiciaires interminables
Le trafic de cartes grises orchestré par certains agents de l’administration des transports constitue l’épicentre de nombreux litiges judiciaires. Une situation qui met à rude épreuve officiers de police judiciaire et magistrats, souvent démunis face à la complexité des dossiers. Cette impasse résulte à la fois d’une méconnaissance des textes régissant le secteur des transports et du manque de coopération des agents du ministère, notamment ceux du Centre national d’édition et de délivrance des documents de transport (CNEDDT). Ce dernier est fréquemment accusé d’arrogance et de mépris à l’égard des victimes, comme en attestent de nombreux cas.
Un exemple frappant est celui de l’ancien Vice-président de la République, Pierre Claver Maganga Moussavou, dont le véhicule Mercedes a été détourné. Malgré son expérience en tant qu’ancien ministre d’État aux Transports, il a été confronté à l’opacité du CNEDDT. Son dossier informatique et les documents physiques relatifs à son véhicule avaient mystérieusement disparu, rendant impossible toute traçabilité. Ce n’est qu’après des recherches minutieuses auprès des centres de contrôle technique qu’il a découvert que son véhicule avait été réimmatriculé à son insu et attribué à un nouveau propriétaire.
Le litige opposant les forestiers Lin Wanbao et Gou Jianhua, impliquant le détournement de deux camions et cinq bulldozers, illustre une fois encore le laxisme et les violations flagrantes des textes par des agents assermentés. Ces derniers, censés garantir la sécurité des documents administratifs, laissent prospérer un climat d’insécurité qui fragilise autant les citoyens que les entreprises. Le rôle du CNEDDT, tel que défini par le décret n° 01113/PR/MT, est pourtant clair : examiner les dossiers, vérifier les actes de cession, et assurer la traçabilité des véhicules. Or, dans ce dossier, aucune vérification rigoureuse n’a été effectuée, laissant les camions disparaître dans une nébuleuse administrative depuis leur mise en circulation en 2016.
Dans un contexte où le Gabon aspire à un renouveau institutionnel avec l’avènement de la Cinquième République, ces dérives sont inacceptables. L’affaire Lin Wanbao et Gou Jianhua est symptomatique d’un système gangrené par le principe de « l’argent à tout prix », au mépris des lois et de l’éthique. Le ministre d’État en charge des Transports ne peut ignorer cette situation, et des sanctions exemplaires s’imposent. Il est impératif que les magistrats prennent en compte les violations dès l’origine des dossiers, et que les responsables du CNEDDT répondent de leurs actes pour mettre fin à ces pratiques délictueuses.
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