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Micheline Georgina Otounga : « La femme a besoin d’avoir sa place dans la société »

Par Stive Roméo Makanga

Lauréate du Prix d’honneur de la Vitrine F en 2023, Micheline Georgina Otounga, cadre de l’administration gabonaise et figure engagée de la société civile, poursuit inlassablement son combat pour la promotion des droits des femmes, l’égalité des sexes et l’autonomisation féminine. Dans une interview accordée à notre rédaction, elle revient sur son engagement, ses expériences au sein de la Vitrine F, et la nécessité d’unir les forces pour que les femmes prennent pleinement part au développement.

La Vitrine F, miroir des ambitions féminines

Pour Mme Otounga, la Vitrine F, qui lui a décerné son prix d’honneur il y a deux ans à Ouagadougou, est « une émanation de nos sœurs vivant au Canada, transposée en Afrique pour aider la femme africaine à prendre part au développement économique, social, politique et associatif ». Son passage au Burkina Faso l’avait profondément marquée : « J’ai été émerveillée de voir ce que ces femmes font de leurs mains, des sacs, des pagnes, des produits locaux… Chacune dans son domaine montre ce qu’elle sait faire », raconte-t-elle.

Depuis, la Vitrine F s’est étendue au Mali, au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou encore au Rwanda, et s’attelle désormais à intégrer davantage de femmes d’Afrique centrale et australe. Ce réseau est pour elle un lieu d’apprentissage et de transmission : « Ce leadership ne vient pas seulement de l’administration, mais aussi de l’entrepreneuriat féminin et artisanal pour que la femme ait une place stratégique dans la société. »

Le Gabon, un combat à poursuivre

Intervenant lors d’une conférence sur le thème « Leadership féminin au Gabon : promotion de l’égalité des sexes et autonomisation des femmes », elle a souligné les avancées légales du Gabon — adoption de conventions internationales et lois spécifiques — tout en appelant à une meilleure diffusion de ces progrès hors des grandes villes : « Nous devons aller vers les femmes rurales, leur faire comprendre que ce combat est aussi le leur. »

Elle encourage l’usage des outils numériques pour faciliter les échanges : visioconférences, réseaux sociaux, partage d’expériences : « Nous pouvons apprendre de ce qui se fait ailleurs et l’adapter chez nous. »

Une vision inclusive et solidaire

Refusant l’idée d’une opposition entre hommes et femmes, Micheline Georgina Otounga insiste : « Nous ne sommes pas là pour combattre nos us et coutumes. Nous disons à nos frères que la femme a besoin d’avoir sa place. Il ne s’agit pas de dévaloriser son rôle dans la famille, mais de lui permettre de contribuer davantage. » Elle dénonce par ailleurs la pression subie par certaines, dont les maris refusent qu’elles développent des activités ou s’expriment publiquement : « Pourtant, cela contribue à faire vivre la famille. » appuie-t-elle

Sur la protection des jeunes filles mères, elle plaide pour une éducation sur la sexualité précoce, sans stigmatisation : « Être jeune fille mère n’est pas un état civil. On doit leur apprendre à ne pas perdre le chemin de l’autonomisation. »

Dans la 5e République, « la femme doit être reconnue à côté de l’homme »

Interrogée sur la place de la femme dans la nouvelle République gabonaise, elle répond sans détour : « Nous ne venons pas combattre ce qui existe. Nous revendiquons notre place, aux côtés des hommes, chacune dans son domaine de compétence, pour bâtir ensemble le pays. »

Enfin, dressant le bilan de la décennie écoulée, elle estime que des progrès ont été réalisés, notamment avec le retour du ministère de la Femme et une meilleure prise en compte institutionnelle. Mais pour elle, le chantier reste immense : « L’autonomisation de la femme peut et doit se mener sur tous les terrains. »

Un message clair : pour Micheline Georgina Otounga, le défi est moins celui d’une confrontation que d’une solidarité féminine et d’une complémentarité entre les sexes, au service d’une société plus juste et plus prospère.

 

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