Justice gabonaise : le Procureur général Eddy Minang démonte les « inepties juridiques » d’un avocat français dans l’affaire Bongo-Valentin
Par Joseph Moundruma
Face à la polémique croissante entourant la mise en liberté provisoire de l’ancienne Première Dame, Sylvie Marie Aimée Valentin, épouse Bongo, et de son fils Noureddin Bongo Valentin, le Procureur général près la Cour d’appel de Libreville, Dr. Eddy Minang, a tenu, ce mercredi, une conférence de presse d’une rare fermeté. L’objectif : rétablir la vérité juridique et dénoncer les attaques injustifiées, voire condescendantes, dirigées contre la justice gabonaise par certains conseils de la défense, notamment un avocat français du duo concerné.
S’exprimant devant un parterre de journalistes nationaux et internationaux, le Dr. Eddy Minang a répondu, point par point, aux critiques qu’il qualifie de « fallacieuses », visant à jeter le discrédit sur une décision de justice pourtant conforme aux règles de droit gabonaises. En structurant son intervention autour de trois axes, le haut magistrat a livré une réplique cinglante, ponctuée de références juridiques solides et de rappels déontologiques.
> « La langue des sages fait valoir la connaissance, mais la bouche des sots fait jaillir la folie », a-t-il cité en ouverture, empruntant au livre des Proverbes (15:2), comme pour donner le ton d’un exposé implacable.
Une mesure encadrée par la loi
En premier lieu, le Procureur général a tenu à revenir sur les fondements juridiques ayant permis la mise en liberté provisoire des deux prévenus. Une mesure, selon lui, pleinement encadrée par le Code de procédure pénale gabonais, notamment à l’article 143, qui en autorise l’application à tout moment de la procédure, dès lors que les conditions de l’article 132 sont réunies. Il a par ailleurs démenti formellement toute notion d’interdiction de sortie du territoire, affirmant que cela relève de la fiction juridique entretenue par certains.
> « Si ce dernier avait pris, au préalable, la précaution élémentaire d’aller parcourir le Code de procédure pénale gabonais, comme le ferait même un avocat stagiaire, il ne serait pas venu débiter des inepties juridiques sur la place publique », a-t-il asséné.
Un rappel à la déontologie
Le deuxième volet de son intervention a porté sur le devoir de réserve et la modération auxquels sont astreints les avocats, qu’ils soient français ou gabonais. Fustigeant l’attitude désinvolte d’un avocat français dont il a préféré taire le nom, le Dr. Minang a rappelé que les propos injurieux tenus dans la presse contre la magistrature gabonaise contrevenaient gravement au Règlement intérieur des barreaux français. Il a notamment cité un arrêt de la Cour de cassation française du 14 octobre 2010, rappelant que la liberté d’expression des avocats est balisée afin de préserver l’indépendance et l’impartialité de la justice.
> Le procureur a d’ailleurs indiqué qu’il envisageait de saisir officiellement le Barreau de Paris, afin que des mesures disciplinaires soient prises contre l’auteur des propos incriminés.
Une réponse au mépris postcolonial
Enfin, Dr. Eddy Minang a dénoncé le complexe de supériorité latent de certains représentants occidentaux vis-à-vis des juridictions africaines. Il a dénoncé avec vigueur les sous-entendus d’« incompétence » dirigés à l’endroit des magistrats gabonais par un avocat « titulaire d’une simple maîtrise », en affirmant avec fierté être lui-même docteur en droit, diplômé avec mention de l’Université Paris-Panthéon-Assas.
> « Il est facile, depuis les beaux quartiers de Paris, de parler avec mépris de nos institutions, mais ce genre d’arrogance postcoloniale n’a plus sa place dans le monde judiciaire contemporain. »
Par cette sortie remarquée, le ministère public réaffirme la souveraineté du droit gabonais et la rigueur des procédures suivies, tout en envoyant un signal fort : la justice gabonaise n’acceptera plus d’être rabaissée ou tournée en dérision sous couvert de plaidoyer médiatique.
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