Processus électoral : Claudine Ayo s’interroge et interpelle le président
Par Stive Roméo Makanga
Le spectre des irrégularités électorales planerait-il sur le processus démocratique gabonais. Le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), formation politique d’Alexandre Barro Chambrier (ABC), avait saisi le Tribunal administratif de Libreville le 29 août 2025, en dénonçant une fraude manifeste orchestrée, selon lui, par l’Union Pour la République (UPR) de Gervais Oniane, Haut Représentant personnel du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema.
La requête, introduite par Claude Koffi Atisso, tête de liste du RPM dans le département du Komo-Océan (province de l’Estuaire), visait à invalider la liste de l’UPR conduite par Clarisse Eustelle Gnigone Effam, candidate aux élections des conseillers départementaux du 27 septembre prochain.
Il fait dire que le cœur du litige repose sur la candidature de M. Ndong Ernest, sixième sur la liste de l’UPR. Selon le RPM, ce dernier n’a jamais démissionné du parti de Barro Chambrier, condition pourtant indispensable avant toute investiture par une autre formation politique.
Dans sa déposition devant le Tribunal administratif, Ernest Ndong avait reconnu avoir bel et bien adhéré au RPM, et confirmé n’avoir jamais présenté de lettre de démission. Pis encore, il avait avoué avoir rejoint l’UPR début août 2025, en pleine période de préparation électorale.
L’article 82 alinéa 2 de la loi n°1/2025 portant Code électoral est pourtant clair :
> « Tout membre adhérant à un parti politique légalement reconnu ne peut, sans démission préalable de celui-ci, dans un délai de quatre mois au moins avant le scrutin, être investi par un autre parti politique. »
Sur ce fondement, le Tribunal administratif n’a eu d’autre choix que de prononcer l’invalidation de la liste de l’UPR conduite par Clarisse Eustelle Gnigone Effam. Une victoire juridique pour le RPM, mais surtout un camouflet pour la CNOCER et le ministère de l’Intérieur.
Car cette affaire met en exergue une question fondamentale : comment une telle irrégularité a-t-elle pu passer entre les mailles du filet ? Ni le ministère de l’Intérieur, censé vérifier la conformité des listes, ni la Commission Nationale de l’Organisation des Élections (CNOCER), garante de l’intégrité du processus électoral, n’ont daigné réagir.
C’est dans tous les cas, le reproche que fait Claudine Mavioga, née Ayo Assayi, dans une lettre ouverte adressée au président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, en date du 21 septembre 2025 et dont notre Rédaction a obtenu copie.
Dans cette publication du journal L’Union, NDONG Ernest (N°6), figure bien sur la liste
Pour Claudine Ayo, leur silence, voire leur complaisance, interroge. Comment expliquer que l’adhésion récente d’Ernest Ndong à l’UPR ait été validée, alors que la loi impose un délai clair et précis de quatre mois ?
Une vue de la décision du tribunal administratif
Cet épisode jette une nouvelle ombre sur la sincérité des scrutins du 27 septembre 2025. Car si un cas aussi flagrant a pu émerger et nécessiter une saisine judiciaire pour être corrigé, combien d’autres irrégularités, moins visibles, passent encore sous silence ?
À l’heure où le président Oligui Nguema promet une rupture avec les pratiques anciennes, ces éléments montrent que le chemin vers une démocratie crédible reste semé d’embûches.
Le RPM a remporté une bataille juridique. Mais la guerre pour des élections justes, transparentes et véritablement démocratiques est loin d’être gagnée.
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