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CNAMGS : Nadia Christelle Koye face aux appétits du pouvoir

Par Stive Roméo Makanga 

La Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), fleuron de la politique sociale gabonaise, est à nouveau sous les projecteurs, pour de mauvaises raisons. Dans les couloirs feutrés de la Sablière, c’est désormais la confusion qui règne. Un duel institutionnel opposerait le Président du Conseil d’administration (PCA) à la Directrice générale, Nadia Christelle Koye, sur fond de tensions internes et d’interprétations hasardeuses des textes. C’est du moins, ce qu’affirment certains cadres imprégnés du climat délétère qui étouffe l’administration.

Selon une note interne ayant filtré en fin de semaine dernière, le PCA aurait pris la décision de suspendre unilatéralement la Directrice générale de ses fonctions. Une initiative qui a aussitôt soulevé un tollé au sein du personnel et dans les cercles administratifs. Car, d’après les dispositions réglementaires, seul le Conseil d’administration, réuni en session régulière, détient le pouvoir de prononcer une telle suspension.

Une institution en crise, des textes piétinés

Cette décision, pour le moins spectaculaire, a plongé la CNAMGS dans un flou juridique inédit. Au-delà du bras de fer personnel, c’est toute une question de gouvernance qui se trouve posée. Les agents parlent déjà d’un « dérapage institutionnel », tandis que certains observateurs évoquent une « dérive autoritaire » d’un PCA qui semble outrepasser ses prérogatives.

« Nous assistons à un contournement flagrant des procédures légales », confie une source interne. « Cela fait des mois que le climat est tendu entre les deux têtes de l’institution. Ce n’est plus seulement une question de gestion, mais de pouvoir et d’ego. »

Le malaise s’ajoute à une série de remous récents au sein de la CNAMGS, notamment l’affaire du vol du disque dur à la Direction des ressources humaines, révélatrice d’un climat interne déjà délétère. Cette fois, la crise a pris une dimension publique et politique, en exposant la Caisse comme le théâtre des contradictions d’une administration encore en quête de stabilité.

Devant la gravité de la situation, le syndicat maison est monté au créneau. Dans une déclaration ferme rendue publique ce lundi, ses représentants ont dénoncé « la mise en péril de la stabilité institutionnelle » et demandé l’intervention urgente des autorités de tutelle.

« Nous ne pouvons pas accepter qu’une institution aussi stratégique pour la politique sociale du Chef de l’État soit paralysée par des querelles de personnes », a fustigé un délégué syndical. Le ton est donné : pour les agents, cette suspension unilatérale n’est pas seulement un abus de pouvoir, mais un risque de blocage du service public au détriment des assurés sociaux.

Une République à l’épreuve de sa gouvernance

La crise à la CNAMGS dépasse le cadre d’une simple mésentente administrative. Elle met en exergue les fragilités d’un système de gouvernance encore balbutiant, où les règles institutionnelles peinent à s’imposer face aux rivalités internes. Dans un contexte de reconstruction institutionnelle, cette affaire sonne comme un test grandeur nature pour la jeune Cinquième République : celui de sa capacité à faire prévaloir le droit sur les rapports de force.

Un Conseil d’administration est annoncé pour le 7 octobre prochain. Il devra, selon plusieurs sources, trancher définitivement sur la légalité de la suspension et rétablir une hiérarchie claire. En attendant, la CNAMGS s’enlise dans une crise qui illustre, une fois encore, la difficile mue d’une administration publique en quête de discipline et de crédibilité.

Les regards, désormais, restent braqués sur la Sablière, où se joue, bien au-delà des querelles internes, une partie du crédit moral de la République elle-même.

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