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Fonction publique : l’absentéisme au profit du privé, un mal qui gangrène l’administration gabonaise

Par Ange Mosconie

Entre double emploi, manque de contrôle et recherche de revenus complémentaires, de nombreux agents publics désertent leurs postes pour travailler dans des structures privées. Un phénomène qui fragilise les services essentiels et interroge la déontologie de la fonction publique.

 

L’absentéisme au poste des agents de la fonction publique reste un phénomène préoccupant, surtout lorsque certains s’absentent de manière répétée ou prolongée sans raison valable. Ces agents délaissent leurs missions régaliennes pour exercer dans des structures privées, parfois en toute illégalité. Ce comportement entraîne des conséquences économiques, sociales et éthiques graves, créant parfois de véritables situations de conflit d’intérêts.

 

Cette violation du devoir professionnel touche particulièrement les secteurs clés tels que l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la Santé, où les absences prolongées se multiplient au détriment du service public.

 

Selon plusieurs constats, certains établissements privés tels que le Lycée français Blaise Pascal, le Lycée Montaigne, le Lycée René Descartes ou encore le Lycée Michel Dirat emploient des enseignants fonctionnaires de l’État gabonais. Ces derniers, affectés officiellement dans des lycées publics du bassin pédagogique de Libreville, sont rarement vus à leurs postes d’origine. Une situation contraire aux dispositions de l’article 67 du Statut général de la fonction publique, qui interdit le cumul d’activités rémunérées sans autorisation préalable.

 

Dès lors, une question se pose : sous quel régime juridique ces agents sont-ils réellement soumis ? Et pourquoi ces pratiques perdurent-elles sans sanctions exemplaires ? Dénoncer ces dérives, c’est aussi défendre les valeurs de la République et restaurer la crédibilité de l’administration publique.

 

L’art de la pirouette n’est pas l’apanage du corps enseignant. Dans le domaine de la santé, le constat est tout aussi alarmant. Les médecins spécialistes affectés dans les hôpitaux publics sont souvent introuvables. Les malades sont reçus par des stagiaires, des internes ou de jeunes médecins généralistes, pendant que les spécialistes exercent dans des cliniques privées de la place, à la recherche du « gombo » plus lucratif. Cette situation fragilise gravement le système de santé publique et creuse davantage le fossé entre patients et praticiens. Derrière ces absences répétées se cache une crise de conscience professionnelle et un affaiblissement du sens du devoir envers l’État. L’absentéisme n’est pas seulement une faute administrative il traduit un désengagement profond vis-à-vis de la mission de service public. La déontologie, pourtant au cœur de la fonction publique, semble aujourd’hui reléguée au second plan face aux intérêts personnels.

Le nouveau magistère du Président Brice Clotaire Oligui Nguema gagnerait à renforcer les dispositifs de contrôle et de discipline au sein de l’administration. Un suivi strict de la présence au poste, accompagné de sanctions claires, s’impose pour concrétiser la vision d’un Gabon en croissance et redonner à la fonction publique ses lettres de noblesse.

 

Restaurer la rigueur, c’est aussi restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions. Et c’est sans doute là le premier pas vers l’efficacité et la performance que prône la nouvelle République.

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