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Affaire Sylvia et Noureddin Bongo : À la barre, Yann Ngoulou affiche ses talents de « nieur » professionnel

Par Stive Roméo Makanga

Il y a des moments, dans un procès, où le vernis du pouvoir se craquelle, en laissant apparaître l’homme derrière le costume. Convoqué à la barre du tribunal spécial, c’est un Yann Ngoulou blême, nerveux, les mains jointes comme pour conjurer la honte, qui a tenté de se défendre d’accusations dont la gravité n’a d’égal que la légèreté avec laquelle il semble les aborder. Placements douteux, visites nocturnes en prison, usurpation de domicile : trois volets d’une même histoire, celle d’un homme qui fut proche du cœur du régime, et qui paraît aujourd’hui sombrer sous le poids de ses propres contradictions.

À propos d’Inesse La Cumane  (nom jusqu’alors inconnu du grand public, mais qui bruisse désormais dans les couloirs du tribunal) Yann Ngoulou a juré ne « l’avoir jamais rencontrée ». Une défense fragile, presque candide, face à des éléments matériels que l’accusation promet de produire. La jeune femme, selon plusieurs sources, aurait servi d’intermédiaire pour des « placements » de jeunes filles auprès de l’ex-dignitaire. Mais Ngoulou, lui, préfère le récit de l’ignorance : il ne sait rien, n’a rien vu, n’a rien fait.

Vient ensuite le chapitre des « visites nocturnes » (épisode crépusculaire, presque surréaliste, du grand théâtre du pouvoir déchu. Brice Laccruche Alihanga, depuis sa cellule, accuse : Ngoulou se serait introduit à plusieurs reprises, la nuit, pour lui lancer des menaces d’un autre âge) « J’habite ta maison, je porte tes vêtements, et tu prendras vingt ans de prison. » À la barre, l’intéressé hausse les épaules, nie encore, comme on balaye une poussière sur un revers de manche. Mais la scène, rapportée par plusieurs témoins, a déjà imprimé son effet dans l’opinion : celle d’un homme qui, grisé par sa proximité avec le pouvoir Bongo-Valentin, croyait pouvoir tout se permettre, jusqu’à l’humiliation d’un ancien compagnon tombé en disgrâce.

Dernier acte : la maison d’Akanda. Luxueuse, discrète, à deux pas de la mosquée de la Paix. Selon l’accusation, Ngoulou l’aurait occupée sans titre ni droit, dès le lendemain de l’arrestation de BLA. Interrogé, il se retranche une fois de plus derrière l’ignorance : il ne savait pas à qui appartenait la demeure. On sourit, jaune. Car chacun, dans les cercles du pouvoir, savait que cette maison-là n’était pas à lui.

Trois affaires, trois mensonges, trois fois la même désinvolture. Yann Ngoulou, naguère figure montante du clan, se retrouve désormais nu, sans réseau, sans crédibilité, seul face à ses propres dénégations. Et son procès, déjà surnommé dans les couloirs du palais de justice le « procès des arrogances », pourrait bien devenir le symbole d’une ère qui se défait : celle où la proximité avec le pouvoir tenait lieu d’impunité.

Un homme, un mensonge, un système. Tout est dit.

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