Le dicton dit vrai: “Les mauvaises habitudes ont la peau dure”. C’est certain.
L’opération “Libérez les trottoirs” lancée conjointement par les ministères de la Défense nationale et de l’Intérieur le dimanche 20 juin dernier n’aura pas duré.
En à peine deux mois seulement, les vendeurs de rue de la capitale, pourtant déguerpis avec une vive brutalité par l’armée gabonaise, ont refais surface.
Dans les principales zones d’affluence, celles où ils avaient pourtant reçu de fermes injonctions, échangeur des Charbonnages, de Nzeng-Ayong, et bien d’autres lieux, la marchandise y est allègrement étalée, parfois sous les yeux des agents des forces de l’ordre, impuissants.
“Où le gouvernement croit-il que nous irons après nous avoir chassé ?” s’interroge Alain M., étudiant en licence à l’Université Omar Bongo (UOB).
Ajoutant: “Beaucoup parmi nous sont des étrangers, certes, mais les gabonais sont également de plus en plus nombreux à se lancer dans la vente ambulante. L’argent que nous gagnons nous permet de résoudre nos soucis. Mais le gouvernement ne comprends pas cela. Tout dans la brutalité” justifie-t-il, courroucé.
“Nous reviendrons toujours, jusqu’à ce qu’ils se fatiguent” promet Murielle, jeune gabonaise de 26 ans, sans emploi.
Interrogé sur la question relative à l’occupation des trottoirs, interdite par le gouvernement, les vendeurs ambulants n’y vont pas par quatre chemins.
Pour eux, les plus hautes autorités feignent de considérer la condition des gabonais, de plus en plus précarisés et qui peinent désormais à couvrir les besoins les plus primaires.
Un bras de fer qu’ils entendent opposer sur le long terme, convaincus que le gouvernement faiblira à un moment ou à un autre.
Agnès Limori