Par Stive Roméo Makanga
Dans son Plan d’accélération et de transformation (PAT), Ali Bongo Ondimba a peut-être pensé à tout, mais absolument pas à Makongognio ou à d’autres villes du genre à travers le Gabon. Une preuve que l’auto-congratulation du chef de l’État devrait avoir des limites.
Pour les initiés du trajet par voie terrestre, le goudron (désignation triviale du bitume) s’arrête, et avec lui la civilisation, à Lebamba.
En empruntant l’axe qui mène à Makongognio, le contraste est foudroyant.
La forêt s’étend à perte de vue.
De part et d’autre de la voie principale, des cases de fortune, pour la plupart en terre battue, modèle d’une ère pourtant révolue, gisent dans un environnement des plus sauvage.
En 2021, Makongognio, localité située dans la province de la Ngounié, au sud du Gabon, végète dans un état qui devrait pourtant attirer l’attention des plus hautes autorités. Que nenni!
Ce regroupement de 14 villages dans le département de la Boumi-Louetsi manque jusqu’au strict minimum.
Absence d’électricité, hydrauliques villageoises défectueuses depuis plus d’une décennie, dispensaire en décrépitude et donc hors d’usage…à Makongognio, les populations sont confrontées à de graves difficultés que seul le gouvernement est capable de résoudre.
Mais son omerta à ce sujet semble corroborer la thèse que c’est bien consciencieusement que les pouvoirs publics ont fait le choix de sceller le sort des populations de cette partie du pays.
En vain, les natifs de la contrée ont posé les préoccupations aux autorités compétentes.
Mais toutes les sollicitations sont restées lettre morte.
Même Martin Moulengui Mabendé, député du 2e siège de la localité, membre du parti les Démocrates, de Guy Nzouba Ndama, a fait l’aveu de son impuissance à peser de son poids auprès du gouvernement.
Loin d’être le seul à avoir échoué dans cette démarche, il faudra aussi compter les échecs conjoints de Jules Esdras Mouhouloulou, député des Sociaux Démocrates Gabonais (SDG), 3e siège dans le district de Nzenzélé, et Cyriaque Moukoudji, député PDG, premier siège au centre de Mbigou.
De fait, les difficiles conditions d’existence et avec elle la précarisation des populations ont poussé le désespoir de nombreuses familles jusqu’à son paroxysme.
Les nuits, les lampes, telles des lucioles, servent d’éclairage dans les cases et autres habitations précaires.
Pour se soigner, faute d’une structure sanitaire fonctionnelle et de médicaments, les populations ont recours à des décoctions et breuvages traditionnels de tous ordres, par faute de se rendre à Lebamba, à 55 kilomètres de Makongognio.
Une situation indicible, que doivent supporter les populations, désormais convaincues que le gouvernement a vraisemblablement acté leur condamnation à mourir dans la plus extrême des précarités.