Par Stive Roméo Makanga
Si Jessye Ella Ekogha, l’actuel conseiller spécial d’Ali Bongo Ondimba avait intégré que la commission aux fonctions d’État expose à la critique, nous ne nous donnerions pas autant de mal à le lui rappeler presqu’un mois sur deux. Nous aurions un peu de répis (la tâche est laborieuse). Nous nous serions même ménagés de lui dire combien comme porte-parole de la présidence de la République, il est sans conteste, le pire que la fonction ait connue jusqu’ici. Et ce n’est pas lui faire offense puisqu’une kyrielle d’évidences suffisent à le soutenir.
D’abord, il y a ce défaut de pertinence, que lui reprochent d’ailleurs ¾ de hauts dignitaires du Parti Démocratique Gabonais (PDG), de même que certains membres du gouvernement, très souvent éberlués par la vacuité de son raisonnement sur des sujets de grande importance.
Ensuite, il y a cette absence de culture et de maturité, laquelle transparaît sans limites, lors de ses prises de parole publique.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui explique toute la théâtralisation de sa traditionnelle conférence de presse au Palais Rénovation. Le jeune collaborateur d’Ali Bongo Ondimba répond à des questions d’avance convenues avec la poignée de confrères qui lui baisent les pieds. c’est su de tous.
Enfin, il y a la posture, la réserve, le recul, l’intelligence, la perspicacité…
Toutes ces vertus et qualités lui manquent cruellement.
Il est évident que si Jessye Ella Ekogha n’avait pas ce double avantage du patronyme et du pistonnage, son limogeage aurait été depuis une affaire classée.
Mais dans un pays où tout va de travers, l’on peut malheureusement admettre que même les moins bons puissent occuper les positions primordialement réservées aux élites.
Le pire, c’est qu’Ella Ekogha se plaît bien dans la médiocrité. Il s’y est d’ailleurs accommodé, alors que la sagesse et l’intelligence l’auraient convaincu d’apprendre d’Alain Claude Billie By Nze, le meilleur de tous ceux qui avant lui ont occupé cette prestigieuse fonction.
Il aurait gagné en apprenant, mais obnubilé par une toute puissance qu’il croit avoir acquise du fait de sa proximité à Noureddin Bongo Valentin, il continue de s’enfoncer.
Au nombre de ses dérives, il faudra désormais ajouter le fait qu’il s’attaque systématiquement par des médias acquis pour une bouchée de pain, avec une fureur à la lisière du sénile, tout journaliste qui ose l’objecter.
Le conseiller spécial d’Ali Bongo Ondimba sait-il que s’attaquer aux directeurs de publication par médias interposés, c’est dévoyer la presse, porter un coup à la liberté d’expression, principe fondateur de la démocratie?
C’est très exactement ce à quoi sont désormais réduit les collaborateurs lilliputiens du chef de l’État: se mettre des journaux dans la poche, avec la perspective de défendre leur image en cas de critiques.
“Je ne m’occupe plus de la Calotte. Tout est géré depuis le palais par Jessye. Je n’ai aucun avis à donner, aucune influence sur les publications. Je m’occupe désormais de mes dialyses, tu sais que je souffre d’insuffisances rénal” confie Charles Steve Bibalou, désolé de ce que son journal soit devenu un instrument usité contre ses confrères, au mépris de toutes les règles d’éthiques et de déontologie inhérentes au journalisme.
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Des journaux que Jessye Ella Ekogha a réussi à se mettre dans le caleçon, La Calotte est loin d’être le seul. Certains, furieux et en total opposition à ces méthodes de brigands, lui ont claqué la porte au nez.
“La présidence me doit de l’argent depuis la campagne de 2016. J’ai été envoyé vers Jessye pourque mes factures soient payées. Au cours de notre échange, à son bureau, il m’a proposé un deal: procéder à une mutation de noms sur les documents juridiques de mon journal. En clair, il m’a demandé de le lui céder et qu’en contrepartie, il pèserait de son poids pour que mon argent me soit reversé” confie un autre directeur de publication, avant de poursuivre : “Mais j’ai refusé. Et comme on peut l’imaginer, je n’ai rien reçu jusqu’à présent”.
Un épisode que ce dernier dit prendre avec beaucoup de regret et que, si sa considération pour le chef de l’État gabonais n’avait été de si haute qualité, il y a longtemps qu’il en aurait fait un scandale dans la presse à l’international.
Des révélations qui, mises sur la place publique (et Kongossanews en sait long sur le dossier), auraient terni à plus d’un égard toute la crédibilité du Gabon.
Quel projet malicieux nourrit Jessye Ella Ekogha en essayant de racheter pour son compte des journaux en difficulté ? Triturer les journalistes comme il le fait déjà si bien, ou s’en servir contre ses actuels employeurs une fois tombé en disgrâce ? Wait and see.