Par Stive Roméo Makanga
Au bord de l’implosion, le Gabon a offert à l’opinion nationale et internationale tous les indicateurs qui devraient interdire au chef de l’État de postuler pour un énième mandat.
En entreprise comme en politique, le bilan est toujours apparu comme un argument d’autorité. Un outil d’aide à la décision qui permet de faire point par point, la synthèse d’une gestion avant la poursuite ou la cessation d’un modèle préalablement choisi. De ce point de vue, celui d’Ali Bongo Ondimba, au terme de deux septennats à la tête du Gabon, est à ce titre préoccupant.
En 2003, en Tunisie, alors qu’il prenait ouvertement parti pour le régime Ben Ali, décrié pour ses atteintes manifestes aux droits de l’homme, Jacques Chirac déclara : “le premier des droits de l’homme, c’est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat”. Quatre piédestaux essentiels que le président gabonais a échoué à mettre en oeuvre voici bientôt 14 ans, ce malgré toutes les ressources dont dispose le Gabon.
Les nationaux, de la capitale comme de l’hinterland, peinent désormais à exister dans un pays devenu profondément complexe, incertains… “meurtrier”.
Manger à sa faim, être correctement soigné, recevoir une éducation qualitative et se loger décemment sont toujours aussi problématiques qu’il y a 40 ans.
Et comme si cela ne suffisait pas, les récents rapports économiques sont tous unanimes: le Gabon cumule à ce jour 7000 milliards de dettes, soit 70% de son produit intérieur brut (PIB).
Au prétexte que la pandémie nous assaille, le gouvernement a multiplié les emprunts auprès des banques à l’international, devenues étonnement miséricordieuses.
Par ces choix inconcevables, Ali Bongo Ondimba endosserait si bien aujourd’hui l’étiquette de “président du surendettement”.
Il faut s’être informé sur les points saillants de la discipline budgétaire de Maastricht, laquelle proscrit l’endettement public excessif, pour comprendre que le Gabon cours droit vers un horizon funeste. Pour sûr, les générations futures paieront au prix fort les errements du gouvernement gabonais, qui n’est toujours pas prêt d’arrêter sa progression vers l’irrationnel budgétaire.
Et, il faudrait aussi définitivement intégrer que même après Ali Bongo Ondimba, dans l’hypothèse d’un retrait de toute participation au scrutin de 2023, l’horizon peinera toujours à se redorer, surtout si après la Covid-19, apparaissait une création encore plus meurtrière.