Éditorial
Par Stive Roméo Makanga
La fin du premier septennat d’Ali Bongo Ondimba, entamé en 2009, a définitivement douché les espoirs gabonais sur le développement. Mais la fin du second offre plutôt une chance de renouveau, à la seule condition que le candidat-président tue son obsession, ou plutôt celle de ses soutiens, à briguer un 3e mandat.
Serein et excessivement convaincu de ses vertus thaumaturges, projetant par intermittence un œil torve à ses adversaires politiques de l’époque, Ali Bongo Ondimba avait promis monts et merveilles. Des promesses creuses et sans grandes consistances, qui se sont vite effondrées une fois installé au palais Rénovation. C’était évident.
« Faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025 », une chimère, comme beaucoup d’autres, faites aux populations, toujours crédules et en quête permanente du « messie », d’où qu’il vienne à la condition que son amour pour le Gabon soit plus incandescent qu’un désir d’enrichissement personnel et ou de confiscation du pouvoir.
Mais toutes ces craintes, d’ailleurs longtemps redoutées se sont matérialisées. Le rejeton de feu Omar Bongo Ondimba, qui disposait pourtant de tous les leviers pour concrétiser ses ambitions, non utopiques si l’on considère le PIB par habitant et la taille de la population, n’a pas tenu parole.
Et comme conséquences à ses priorités inopportunes, aux castings de collaborateurs véreux et aux grands errements économiques dont le gouvernement s’est si bien accommodé, l’effondrement est là, bien perceptible.
Les populations tiennent à peine le coup. La paupérisation des classes populaires s’est accrue à une vitesse vertigineuse ces deux dernières années et le chômage flagelle désormais avec un rythme endiablé, de nombreux jeunes désœuvrés.
L’application des mesures restrictives imputées à la crise covidienne a définitivement convaincu que le chef de l’Etat ‘’gouvernait’’ pour ses ambitions propres et non en faveur des populations.
Pour preuve, c’est à la veille de la célébration du 54e anniversaire de son parti qu’Ali Bongo Ondimba annonçait la levée de toutes les mesures restrictives pourtant jugées « meurtrières » depuis le début par la société civile, l’opposition et la population.
Le chef de l’Etat a mis des oeillères et, par cette seule décision, programmé la pauvreté commune. C’est le sens du confinement durement vécu par les gabonais ces deux dernières années.
Alors que se prépare la présidentielle de 2023 et que les états-majors des partis politiques se bousculent et fignolent leurs stratégies de campagne, examinent les axes majeurs de leurs projets de société, il aurait été plus patriotique pour Ali Bongo Ondimba d’éteindre toute idée de candidature.