Par Stive Roméo Makanga
Sur instruction de sa hiérarchie, l’Inspection générale de la santé a, mercredi 25 mai courant procédé à la visite surprise d’un site de traitement présumé, de déchets biomédicaux. Un lieu jugé problématique, au regard de la kyrielle d’éléments de non conformités observés par les inspecteurs contrôleurs en santé publique. Une opération de terrain qui devrait du reste déboucher sur l’interpellation de l’entreprise incriminée, les effets néfastes résultant de cet état de fait sur l’environnement d’une part, et sur la santé de l’homme d’autre part, constituant la principale préoccupation du ministère de la santé et des affaires sociales.
Déjà, il convient de situer que par déchets biomédicaux, l’on entend tous déchets issus des activités de recherche, de diagnostic, de suivi et de traitement (préventif, curatif ou palliatif) dans les domaines de la médecine humaine et vétérinaire présentant un danger quelconque pour la santé et/ou l’environnement de l’homme.
Cela dit, leur traitement fait donc l’objet d’usage de procédés précis, que doit en amont valider le ministère de la santé et des affaires sociales. Mais là est toute la problématique.
C’est au cours d’une inspection de routine des services de l’inspection générale de la santé qu’une découverte singulière va attirer l’attention des professionnels de cette institution de l’Etat.
Une entité économique dénommée Deos industrie, reconnue comme étant la propriété de Jordan Mac Lassegue, a passé avec de nombreuses formations sanitaires privées un contrat de prestation pour la collecte et le traitement des déchets biomédicaux.
Seul bémol, cette entreprise, que l’on pense être immatriculée au registre du commerce, n’a obtenu auprès des services du ministère de la Santé et des affaires sociales aucun agrément qui lui donne qualité à exercer cette activité particulièrement délicate.
Après plusieurs mois de tractations doublés d’investigations, des agents de l’Inspection générale de la santé découvrent enfin la situation géographique de Déos industrie.
Établi à Soduco, à Libreville, entre les zones industrielles d’Owendo et d’Oloumi, l’opérateur économique exerce dans une concession privée, loin des regards indiscrets.
« C’est un opérateur qui n’est pas connu de nos services », déclare Jean Aymard Bibang, inspecteur contrôleur en santé publique, avant de renchérir : « Nous l’avons convoqué pour une audition, mais il ne s’est jamais présenté. Il n’a jamais daigné répondre à nos convocations ».
« Vous le voyez, ces déchets sont là depuis belle lurette et n’ont jamais été traités. Il a un ’’banaliseur’’qui ne fonctionne pas, apparemment. Quand vous regardez l’état de ces déchets on a même l’impression qu’ils sont là depuis au moins un an », s’indigne l’inspecteur contrôleur en santé publique.
En plus de collecter des déchets biomédicaux sans autorisation de la tutelle dans plusieurs formations sanitaires, la structure de Jordan Mac Lassegue les entrepose sans les traiter, dans un capharnaüm indescriptible et ce, avec deux personnes vivant sur les lieux.
« Notre mission est d’appliquer la norme de santé publique dans toutes les formations sanitaires», explicite Léonard Assongo, inspecteur général de la santé.
« Nous pensons que quand quelqu’un s’engage à travailler dans un domaine aussi technique que celui relatif au traitement des déchets biomédicaux, il doit s’assurer qu’il a une autorisation du ministère de la santé (…) et les hôpitaux qui lui donnent les déchets, doivent s’assurer que ces déchets qu’il vient prélever sont traités d’une manière convenable et spécifique », précise-t-il.
« Ce sont des déchets dangereux et leur traitement nécessite certaines spécificités. On ne peut pas simplement venir ramasser des déchets et les entasser dans une salle et attendre des semaines, des mois, des années avant de les traiter », s’est-il par ailleurs indigné.
Déos industrie risque donc, pour cette activité somme toute illégale, des sanctions pécuniaires importantes, assorties de mesures conservatoires exemplaires.
Pour l’inspection générale de la santé, tous les déchets feront l’objet d’une saisine, avant d’être transférés vers une structure agréée, laquelle procédera à leur traitement, ce conformément aux normes d’usage.