Par Stive Roméo Makanga
Le “rendez-vous du militant”. Cette seule désignation illustre bien que la machine est lancée, et que le Grand rendez-vous électoral de 2023 est tout proche. Le Parti démocratique gabonais (PDG), comme le veut la coutume en cette période si charnière, a déjà entamé le travail de terrain. Sauf que les autres écuries, celles de l’opposition surtout, sont paralysées par faute de budget, le paiement de la subvention des partis politiques ne figurant pas au nombre des priorités des plus hautes autorités.
C’est désormais au point qu’Ali Bongo et son gouvernement sont soupçonnés de faire du croc-en-jambe à leurs adversaires. Ce qui est loin d’être insensé.
En août 2023 aura lieu le scrutin présidentiel. Très attendu, autant par l’ensemble du landernau politique gabonais que par les populations, toutes les aspirations semblent converger vers une réelle alternance au sommet de l’Exécutif, Ali Bongo Ondimba ayant échoué à traduire en actes concrets ses promesses, y compris les plus fondamentales. Tout n’a pas été qu’échec, certes, mais l’état général du pays est fort lamentable. Ce qui durcit les positions et attise la soif des gabonais de voir le président de la République céder le fauteuil à un autre compatriote…plus déterminé à satisfaire leurd attentes.
Éducation, santé, logement, emploi…les déconvenues sont importantes. Avec l’inflation galopante, ce nonobstant la nouvelle mercuriale des prix, qui n’a pas conjuré les craintes des populations, force est de reconnaître que le parti des masses est en très mauvaise posture, l’actuel président ayant déjà passé 14 années aux commandes sans impacts significatifs.
LA GRANDE INERTIE
Alors que les regroupements politiques devraient déjà avoir commencé à battre le bitume, le gouvernement Ossouka Raponda, constitué presque à cent pour cent de PDGistes et de partis alliés, ne donne toujours pas écho des financements attendus. Ce qui bloque fortement les actions de terrain de ceux qui souhaitent eux aussi investir le terrain de la mobilisation.
Au Parti social démocrate (PSD), de Pierre Claver Maganga Moussavou, comme dans d’autres écuries politiques d’ailleurs, tous les doigts semblent désigner un seul responsable, et c’est Ali Bongo Ondimba.
Un vrai caillou dans la chaussure, pour ces leaders pris par le désir profond d’empêcher le candidat naturel du PDG de briguer un 3e mandat, ou encore de rempiler au palais Rénovation.
Mais tout aurait dû commencer avec les partielles des législatives.
Le versement de la subvention des partis politiques ne semble pas du tout d’actualité. Une entorse à l’article 52 de la loi qui dispose que “l’État a l’obligation d’accompagner les partis politiques légalement reconnus et représentés au Parlement par au moins un député ou un sénateur, ou disposant au moins d’un élu”.
“le PSD estime que dans de telles conditions, une démocratie dont l’équilibre n’est pas garanti, ne peut se targuer de prôner l’égalité des chances qui, dans cette optique, devient un slogan creux”, a d’ailleurs souligné Didier Taba Ondounga, premier vice-président du PSD.
Des couacs à profusion, qui semblent augurer que le parti d’Ali Bongo Ondimba est bien déterminé à conforter l’inertie de ses adversaires.
À ce stade, inutile de dire que les dés sont d’ores et déjà pipés, puisque Steeve Nzegho Dieko et les siens, en “propagande” dans l’intérieur du pays depuis déjà plusieurs mois, garderont, à coup sûr, une bonne longueur d’avance. Dommage.