Par Stive Roméo Makanga
L’ère post-Omar Bongo Ondimba va définitivement donner lieu à tous les scénarios de déstabilisation possible. Jamais depuis sa création, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) n’aura autant appelé à la cohésion et à l’unité. Des valeurs pas du tout communément partagées : le cas d’Eloi Nzondo.
Transfuge du Cercle Libéraux Réformateurs (CLR), Éloi Nzondo est arrivé au Parti Démocratique Gabonais (PDG) avec cette assurance d’intégrer une écurie politique plus concrète, décisive et donc capable de lui garantir cette ascension sociale si recherchée, soit dit en passant. Un calcul juste, puisque le parti de masse est bien l’hyper structure qui tient tous les leviers du pouvoir, et qu’en faire partie vous ouvre des perspectives bien plus étendues. Ces évocations doivent servir de piqûres de rappel, pour autant qu’on veuille comprendre le “spécimen” Nzondo.
Une piqûre particulièrement nécessaire, puisqu’il se partage comme idée, dans les salons feutrés du Grand Libreville, que le “camarade” secrétaire général adjoint 3 rêverait en se rasant, d’être promu secrétaire général du Parti Démocratique Gabonais (PDG).
Une idée nourrie, croit-on savoir, depuis très longtemps, et aujourd’hui tenue ferme comme jamais.
Éloi Nzondo veut donc le poste, mais à quel prix?
Le parti de masse fait il est vrai bonne figure aux yeux de l’opinion. Pourtant, le schisme constaté en interne ne trompe évidemment personne. Et, quelques soient les subtilités sémantiques usitées pour enjoliver l’ensemble, l’on sait tout de même que les clans formés n’ont de cesse de s’affronter et de se déchirer, le tout dans une sorte de guerre froide.
Dans le 3e arrondissement de Libreville, par exemple, Éloi Nzondo est accusé d’y avoir semé les germes de la division et de la sédition.
D’ailleurs, les décisions de suspension intervenues contre Patrick Eyogho Edzang et Éloi Nzondo auraient dû éveiller notre curiosité.
Par les déclarations : “Personne ne peut faire gagner le chef de l’État seul”, “Ce n’est pas en voulant tuer les autres au passage qu’on évolue”, ou encore “La position que vous avez ne vous permet pas d’écraser les autres”, on avait bien compris que le troisième secrétaire général adjoint du parti au pouvoir adressait un message “ésotérique”, “subliminal”, à ceux qu’il considère comme ses principaux adversaires.
ÉLOI NZONDO, LE DISSIDENT EN CHEF ?
Dans la correspondance du 22 février dernier qu’avait obtenu notre Rédaction, Dieudonné Yaya, le président de la Commission permanente de discipline du Parti Démocratique Gabonais (PDG) justifiait la suspension d’Éloi Nzondo par les motifs explicites suivants: “l’utilisation par le camarade suscité des expressions telles que : “j’ai subi des coups et je continue de subir”, devant des centaines de militants, et le fait d’avoir, volontairement ou involontairement écarté de sa rentrée politique les responsables politiques du 3e arrondissement de la commune de Libreville constitue des atteintes à l’unité du parti “.
En clair, dans le 3e arrondissement de Libreville, Éloi Nzondo est accusé d’y avoir apporté la division, et avec elle un capharnaüm répugnant, qui est loin de correspondre aux exigences du parti.
Cette ambition, fignolée par ses plus grands soins, semble avoir tant et si bien fonctionné que même Alain Claude Bilie By Nze, le premier ministre, par sa présence sur les lieux, y a apporté une caution morale.
Certains PDGistes voudraient-ils voir Éloi Nzondo prendre les rênes du secrétariat général du parti ? Sans aucun doute puisque lui-même y croit dur comme fer.
Cependant, cette ambition, somme toute démesurée, vaut-elle la formation de groupes disparates et hostiles à l’organigramme voulu par Ali Bongo Ondimba, le Distingué camarade président (DCP)? Bien-sûr que non.