Par Stive Roméo Makanga
Sous la tutelle d’Alain Claude Bilie By Nze, premier ministre, chef du gouvernement, le Gabon a tenu, jeudi 25 mai finissant à Libreville, des assises nationales du fret ferroviaire transgabonais. Un événement majeur qui a réuni certains membres du gouvernement dont le ministre des Transports, le ministre des Mines et de la Géologie, le ministre du Pétrole et du gaz, le ministre des Eaux, des forêts, de la Mer, de l’Environnement chargé du Plan climat, ainsi que de nombreux Conseillers spéciaux de la présidence de la République, sans omettre les représentants de quelques grands groupes dont Eramet, Comilog, Meridiam, AGL et bien d’autres participants.
Il s’est agi pour ces derniers d’axer une réflexion profonde autour des éléments techniques et scientifiques, les besoins en termes de capacité de transport ferroviaire et portuaires, de présenter les conclusions de l’étude de faisabilité KOR d’INPAX, d’évaluer les risques et de développer une stratégie de mise en oeuvre, qui permettrait un réel développement du secteur.
Au total, six grands panels ont été dûment exposés aux participants.
D’abord, les besoins et programmes d’investissements des principaux clients actuels du transgabonais.
Ensuite, les besoins et programmes d’investissements des projets de mines de fer en cours de développement.
Enfin, les programmes d’investissements des opérateurs ferroviaires et portuaires.
Puis, les questions inhérentes au financement du Programme supplémentaire d’augmentation de capacités du transgabonais (PSAC29), le cadre légal, le capital humain et la régulation du secteur auront permis de déboucher sur des échanges concomitants et édifiants avec les ministres des Transports, des Travaux publics, des Mines, du Pétrole et des forêts, lesquels ont également donné lieu à la mise en place d’une Task force et la signature d’une feuille de route pour la traduction en actes concrets des recommandations des assises.
Mais avant, il a été question pour les parties prenantes au cours de cet événement d’envergure, d’articuler une réflexion autour des enjeux consécutifs au développement d’une ligne de chemin de fer devant relier Owendo-Booué en vue du transport de la production minière vers un port d’exportation, le gouvernement ambitionnant d’augmenter la capacité de transport de fret à 29 millions de tonnes/an à l’horizon 2029.
Loin d’en être la seule perspective, les parties prenantes citées en sus ont également reçu instruction de définir tous les investissements qui permettraient l’atteinte de cet objectif, d’élaborer une stratégie de financement nécessaire, de même qu’un chronogramme pour faciliter la parfaite synchronisation de l’ensemble, sans balayer du revers de la main les questions liées à l’évolution du cadre
organisationnel, juridique et légal des secteurs ferroviaire et portuaire.
Conformément au Plan d’accélération de la transformation (PAT) retenu dès 2021, et dont l’objectif est la diversification de l’Économie gabonaise, il a été question pour la société INPAX, entité choisie par les plus hautes autorités de la République pour l’organisation des assises, de mettre un accent particulier sur des projets jugés prioritaires, à la fois dans les secteurs miniers et agro-forestier, l’objectif étant aussi de s’intéresser aux infrastructures de transport tels le réseau ferroviaire national.
UN ACCROISSEMENT QUI NÉCESSITE DES ADAPTATIONS
Aujourd’hui, les chiffres des secteurs miniers et hydrocarbures ont connu un bond significatif. Ils s’articulent respectivement autour de 13% et 4% par rapport à ceux enregistrés l’année précédente. Et le transport des marchandises a quant à lui augmenté de 11% pour ce qui est du tonnage, avec 10,9 millions de tonnes en 2022 lorsqu’il n’était qu’à 9,7 millions de tonnes en 2021.
Avec 330.000 voyageurs transportés à l’année, plus de 6,5 millions de tonnes de minerais transporté et expédiés en 2021, c’est dire que l’accroissement est significatif et impose de nouvelles adaptations.
Si l’on s’en tient à l’étude de faisabilité présentée par Komo-Ogooué Railway, qui a porté une analyse sur la capacité du Transgabonais au regard des perspectives de trafic, il est évident qu’il faudrait procéder à une augmentation de la capacité, cela par la construction d’une nouvelle ligne, tout en s’assurant que le Plan d’augmentation de la capacité du Transgabonais puisse fournir une capacité suffisante, c’est à dire 29 millions de tonnes.
Et que, pour les besoins d’évacuation de la production de Bélinga, le doublement de certaines sections du transgabonais et la construction de raccordements ferroviaires apparaissent là aussi, tout à fait indéniables.
Selon CPCS, une firme-conseil multidisciplinaire canadienne opérant dans le secteur des infrastructures, avec près de 1500 projets réalisés dans 110 pays, la faisabilité du projet de Baniaka, dans le Haut-Ogooué, et le démarrage du projet Bélinga, dans l’Ogooué-Ivindo seraient conditionnés par la mise en oeuvre de la trajectoire 2 du Plan d’augmentation de la capacité (PAC).
Elle acte, en outre qu’après 2030, la mise en oeuvre complète du projet Bélinga doublera systématiquement les besoins en transport sur les sections du transgabonais. Ce qui devra nécessiter un doublement de la voie sur les sections communes.
“Le développement de notre tissu industriel et de notre industrie minière en particulier, est étroitement lié à notre chemin de fer. Aujourd’hui, (…) les limites de celui-ci sont avérées et nous impose donc d’agir. Agir c’est prendre des décisions audacieuses”, a déclaré Nicole Jeannine Roboty, la ministre de l’Économie.
Les études menées par le gouvernement concluent également, entre autres points saillants, que les capacités portuaires des ports minéralisées d’Owendo devront être renforcées, cela pour évacuer les productions de manganèse et de fer, qui pourraient se situer respectivement à 15 et 12 millions de tonnes.
De même, “l’entrée en production de Bélinga par Ivindo Iron avec 20 à 40 millions de tonnes par an nécessite la construction d’une nouvelle voie ferrée complètement dédiée et d’un port pour évacuer la production”.
Face à ce défi majeur, Nicole Jeannine Roboty est sans équivoque : “l’engagement du gouvernement est inébranlable, comme l’a rappelé le premier ministre”.
Et: “Nous sommes déterminés à créer un environnement favorable pour le développement du secteur, à mobiliser les ressources nécessaires et à travailler en collaboration avec tous les acteurs du secteur pour atteindre nos objectifs communs”, a-t-elle explicité.