Par Stive Roméo Makanga
De mémoire de sportif, jamais le national foot n’aura connu une période aussi lugubre, équivoque et lapidaire de son histoire. Franck Nguema, l’actuel ministre du Sport gabonais, y est pour beaucoup dans l’enlisement actuel, aujourd’hui très largement dénoncé par quelques professionnels du secteur. Preuve en est encore, et s’il en était besoin, de la crise observée dans l’actuel championnat des 1ère et 2e division.
À l’arrêt depuis près de deux mois pour incapacité de l’État gabonais à clairement tenir ses engagements, le national foot semble désormais bien parti pour être avorté, alors même qu’un regain d’ardeur avait regagné les esprits.
À en croire nos confrères de Dépêches 241, “il se susurre qu’elle (la tutelle Ndlr) aurait sécrété une solution, beaucoup plus pernicieuse. Celle de laisser pourrir la situation, asphyxier les présidents de clubs pour ainsi les conduire à décréter l’arrêt des championnats, le tout, dans le seul but de leur faire porter la responsabilité de cet échec”.
Outre cette idée insidieuse, nos confrères de Dépêches 241 relatent les contours d’une réunion des présidents de clubs et le président de l’association des clubs de football professionnel, laquelle aurait eu lieu le 9 du mois courant, et qui aurait entériné la suspension du championnat national de football, alors dans sa seconde phase.
“Les clubs avaient décidé de l’arrêt des compétitions en raison du non-respect par l’Etat des engagements pris à l’entame de la saison 2022-2023″, rapportent-ils.
Dans l’essentiel de la crise actuelle, il faut entendre que l’institution que dirige Franck Nguema avait pour responsabilité le paiement des salaires des 23 joueurs professionnels, le tout établis à 250.000 francs CFA par individu, et 300.000 francs CFA pour le coach.
Outre ces charges initiales, s’ajoutaient aussi à celles-ci la somme de 40 millions de francs CFA, à titre de subvention, l’hébergement et la restauration des équipes, sans omettre le règlement des frais de transport.
Pour notre confrère cité en sus, Franck Nguema, patron du ministère des Sports, aurait manqué à un devoir crucial: tenir ses engagements.
“Des engagements qui, pour la plupart, n’ont jamais été respectés au regard de la situation des footballeurs impayés depuis 6 mois, soit depuis le début du championnat, et ce, nonobstant la bonne foi des présidents des clubs d’engager les équipes sur la base des simples promesses donnés par Franck Nguema et la Linaf”, écrivent-ils.
À quoi le membre du gouvernement joue-t-il ?
« Nous avions décidé de reprendre la seconde phase du championnat dans la limite de deux journées pour que dans l’intervalle le Ministère et la Linaf trouvent une solution à la problématique des arriérés des salaires des joueurs sur la saison en cours et à la seconde tranche liée à la subvention des clubs. Le Ministre des Sports avait promis de régler la situation après la double confrontation des Panthères du mois dernier. Et puis après la 4e journée. Et nous voici à la 6e journée. Jusque-là, aucun signe de la tutelle », se serait indigné un président de club, rapporte Dépêches 241.
Nonobstant les multiples saisines des joueurs et présidents de clubs, Franck Nguema s’est plutôt conforté dans un mutisme qui en dit long sur sa réelle volonté à remettre le national foot sur les rails. Et avec lui, Brice M’Bika Ndjambou, le président de la Linafp, qui semble être en parfaite synthèse d’esprit et d’idées avec la tutelle dans la sombre perspective nourrie.
En effet, pour tous, il est désormais évident que le ministre des Sports et son précarré nourrissent l’idée d’un pourrissement de la situation, et leur immobilisme au regard de la crise actuelle le prouve fort bien.
“(…) il se sussure que sieur Franck Nguema et ses affidés dont Landry Nkeyi, président de l’association des clubs, auraient une idée foncièrement mesquine et sordide consistant à jouer la montre en se murant dans le silence. La stratégie viserait ainsi à jeter l’anathème et la responsabilité de l’arrêt du championnat aux présidents des clubs, sous le motif fourbe et saugrenu que ces derniers n’auraient pas favorisé la mutation de leurs clubs en société à objet sportif”, révèle Dépêches 241.
Tel serait le non-dit. Mais pour le journal en ligne, cette branche sur laquelle semble vouloir s’agripper Franck Nguema et ses compères est bien mince pour tenir leur nombre. Elle se briserait avec le plus grand fracas.
Pour argumentaire, ils en veulent que bien que le membre du gouvernement ait souhaité voir les clubs se muer en sociétés à objet sportif (nouveau statut juridique plus convenable, de son point de vue), il n’en demeure pas moins que le tout ait été galvaudé par le non respect de la tutelle à tenir certaines promesses inhérentes au processus de mutation.
Il s’agissait d’un soutient financier aux équipes locales, par le truchement d’une mutualisation, sans oublier l’octroi d’une subvention étatique.
Mais Franck Nguema, prestidigitateur confirmé et grand maître des promesses non tenues (après Ali Bongo Ondimba, bien-sûr), est resté bien fidèle à cette réputation méritée. Toute chose qui vaut d’être applaudie des deux mains.
“Par ce mutisme pernicieux, l’Etat qui semble avoir opté pour le pourrissement, nourrit l’espoir que la décision de mettre fin de façon définitive au national foot vienne des clubs”, conclu Dépêche 241.
Une façon assez géniale de rejeter la responsabilité de l’arrêt du championnat local sur les présidents des clubs, qui semble avoir séduit le ministre des Sports et sa fine équipe.
L’entourloupe est magistrale. Il fallait y penser.