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Révision de la liste électorale biaisée, utilisation abusive des moyens de l’État par Ali Bongo Ondimba… Alternance 2023 tire la sonnette d’alarme

Par Kongossanews

Par la Rédaction

Dans une communication dont notre Rédaction a obtenu copie, Alternance 2023, plateforme de l’opposition gabonaise présidée par François Ndong Obiang, par ailleurs président de REAGIR, a fait l’autopsie de la vaste opération de révision du fichier électoral débutée le 8 mai dernier et achevée ce mois de juin. De son point de vue, arguments à l’appui, ce regroupement des partis politiques de l’opposition dénonce de nombreuses irrégularités, en plus de faire la synthèse des excursions dites républicaines d’Ali Bongo Ondimba dans l’hinterland, entre autres sujets.
L’entière communication ci-dessous publiée in extenso.


ALTERNANCE 2023

Propos liminaire de François NDONG OBIANG
Président en exercice d’Alternance 2023 – Présidente de REAGIR
Libreville, le 21 juin 2023


Mesdames, Messieurs,
Du lundi 08 mai 2023 au dimanche 11 juin 2023, malgré des conditions d’organisation approximatives, les Gabonaises et les Gabonais ont manifesté leur ardent désir de changement en se rendant massivement dans les Centres d’enrôlement pour s’inscrire sur la liste électorale, procéder au changement de leur lieu de vote ou tout simplement s’assurer que leur nom y figurait toujours. La Plateforme Alternance 2023 adresse ses plus vives félicitations au Peuple gabonais pour cette expression de sa confiance dans la démocratie et sa détermination à obtenir par les urnes une véritable alternance politique au Gabon.

Autant nous pouvons féliciter nos concitoyens pour leur sens civique, et nous les félicitons, autant nous devons à la vérité de dire que l’organisation de cette révision de la liste électorale, inexplicablement ramenée à 30 jours, a été lamentable. Dans de nombreuses localités, les enrôlements ont effectivement débuté plus d’une semaine après la date de début des opérations. Dans plusieurs ambassades du Gabon à l’étranger, les centres d’enrôlement étaient fermés les samedi et dimanche. Ainsi, tous les Gabonais n’ont pas disposé des 30 jours légaux pour s’inscrire sur la liste électorale.

Sur les listes électorales affichés, nous avons constaté la présence de personnalités dont nul ne pouvait ignorer qu’elles sont décédées depuis plus d’un an. Interrogés sur cette situation, il nous a été répondu que pour retirer une personne décédée de la liste électorale, il faudrait que sa famille en face la demande en produisant son acte de décès. Cette situation nous conduit à nous interroger sur la fiabilité de ce fichier électoral, créé en 2013, et qui ne procède pas à la suppression des personnes décédées.

Enfin, concernant la révision de la liste électorale, nous devons dire notre tristesse et notre peine face aux comportements rétrogrades auxquels les Gabonais ont assisté. Le commerce des récépissés d’enrôlement dans les abords des Mairies, les pressions exercées sur les fonctionnaires, les agents des forces de défenses et de sécurité et leurs familles afin que ceux-ci se fassent enrôler dans des circonscriptions choisies pour eux ont marqué l’opinion et nous interrogent.

Monsieur Ali Bongo, pour l’élection duquel tout ce monde déclare agir, gagnerait à se poser la question de savoir pourquoi ses Ministres et ses soutiens organisent-ils, pour son élection à lui qui se déroule sur une circonscription unique, les transferts massifs des électeurs vers leurs circonscriptions politiques à eux. L’avenir nous le dira à tous.

Nous demandons aux Gabonais de rester mobilisés et de redoubler de vigilance. La révision de la liste électorale n’est que le début du processus de libération du Gabon. À une date prochaine dont lui seul a le secret, le Gouvernement devra procéder à l’affichage de la liste électorale révisée et ouvrir une période légale de réclamation de seulement trois jours. Nous invitons nos compatriotes à se rendre immédiatement dans les centres d’enrôlement pour s’assurer que leur nom figure effectivement sur la liste électorale et dans le centre de vote de leur choix. Cette étape est tout aussi importante que la précédente.

Mesdames, Messieurs,
Alors que son mandat prend fin le 27 septembre prochain, donc dans trois mois, et que l’élection du président de la République doit se tenir au plus tard le samedi 26 août de cette année, il ne se passe plus un Conseil des ministres sans que l’on n’annonce l’adoption de projets de lois ou de décrets modifiant le cadre législatif et réglementaire des élections. En violation flagrante des principes élémentaires de la démocratie et des dispositions de notre constitution, le pouvoir qui a compris que sa défaite est désormais inévitable, s’entête à vouloir se tailler des élections sur mesure en organisant l’élimination de ses concurrents par la création de règles iniques. Cela est inacceptable et Alternance 2023 est déterminé à ne pas laisser prospérer ces démarches de mauvais perdant.

C’est ainsi que dans l’urgence et la précipitation, le Parlement, transformé en chambre d’enregistrement des caprices du pouvoir, a modifié les dispositions législatives relatives à l’élection du président de la République afin de permettre à Monsieur Ali Bongo de faire légalement campagne avec les moyens de l’État ; de se déplacer durant la campagne électorale en utilisant les avions, les hélicoptères et les voitures de l’État ; de se loger dans les Palais de la République lors de ses étapes de campagne et d’y recevoir, héberger et nourrir ses équipes et ses convives.

Pendant qu’on y est, pourquoi ne ferait- il pas imprimer ses affiches par la nouvelle imprimerie du Ministère de l’Education nationale. Cela est inacceptable et nous ne pouvons l’accepter. La Cour Constitutionnelle sera saisie afin d’annuler ces dispositions qui violent le principe d’égalité de tous les candidats à l’élection présidentielle.

Mesdames, Messieurs,
Nous avons cependant saisi la Cour Constitutionnelle aux fins d’annulation du Décret N° 0096/PR/MRICAAI du 05 juin 2023 relatif aux Délégations spéciales chargées de recevoir les déclarations des biens de chaque candidat à une élection politique.

En effet, alors que la loi dispose clairement que :
La déclaration des biens à un caractère strictement confidentiel. Elle est reçue et conservée par le Secrétaire Général de la Commission Nationale de Lutte contre la Corruption et l’Enrichissement Illicite.”
Ce décret demande aux candidats à l’élection présidentielle, aux élections législatives et aux élections locales de remettre leurs déclarations de biens à des délégations spéciales créées dans les neuf provinces.
Un décret ne pouvant violer une loi, la Cour Constitutionnelle annulera ce décret qui viole le principe de hiérarchie des normes.
De même, alors que la délivrance du récépissé de déclaration des biens est gratuite pour tous les autres déclarants (l’agent public nouvellement intégré, l’agent public bénéficiaire d’une nomination à fonction, et le titulaire d’un mandat électif), ce décret du 05 juin 2023 exige le paiement de frais de gestion de 200.000 FCfa pour les candidats à l’élection présidentielle, 30.000 FCfa pour les candidats aux élections législatives et 20.000 FCfa pour chacun des colistiers sur les listes de candidature aux élections locales.

Lesquels frais de gestion ne sont inscrits dans aucune loi de finances.
Liée par sa jurisprudence en la matière, la Cour Constitutionnelle n’aura d’autre choix que d’annuler ces dispositions qui violent notre Constitution.

Mesdames, Messieurs,
Toutes ces manipulations des textes et cette organisation du désordre sont le fait d’un pouvoir qui redoute les prochaines élections et essaie de tout faire pour en contrôler l’issue. Mais cela n’entamera en rien la détermination des gabonaises et des gabonais à en finir avec un pouvoir à bout de souffle et qui, visiblement, se cherche un commandant en chef depuis 2018. A Alternance 2023, nous avons décidé d’aller ensemble aux élections dans les conditions imposées par le pouvoir, de les gagner ensemble et de prendre le pouvoir ensemble. Les tergiversations et les agitations actuelles du pouvoir nous rassurent.

Mesdames, Messieurs,
Nous ne saurons conclure ce propos sans dénoncer avec force les accusations du pouvoir en place qui qualifient les Gabonais de « xénophobes ». Il est plutôt ici opportun de rejeter cette sorte de « Gabonophobie » de celles et ceux qui portent des œillères pour ne point voir la mobilisation et l’exigence des Patriotes Gabonais, désireux de se réapproprier notre pays.

Un pays où la philosophie du « Gabon d’abord » doit cesser d’être un slogan creux, parce que nos langues, nos cultures et nos valeurs ancestrales sont méprisées et vicieusement remplacées, sans débat ni demande populaire, par des modèles de société importés.

C’est face à ce constat que nous nous joignons à nos compatriotes pour rendre le Gabon aux Gabonais par la force démocratique des urnes lors des élections présidentielle, législatives et locales à venir. Ceci est notre engagement ferme aux côtés de toutes les Gabonaises et tous les Gabonais décidés à mettre fin à un pouvoir en place spécialisé dans des débats de diversion puisqu’incapable de présenter son bilan de gestion qui, de toute évidence, est catastrophique au terme de ces 14 dernières années.

Que nos compatriotes le retiennent alors : notre nombre sera notre force !


Je vous remercie.

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