À peine nommé, Paul Missouma, frère de Paulette Missambo, proprement éjecté de son poste de Haut représentant personnel du président de la République
Par Stive Roméo Makanga
Une véritable secousse politique vient de se produire à Libreville et on imagine bien que les échos s’étendront jusqu’à Mulundu. Paul Missouma, tout juste installé dans son fauteuil de Haut représentant personnel du président de la République, n’aura eu que quelques jours pour savourer son nouveau statut. En effet, ce jeudi 6 mars, au terme du Conseil des ministres présidé par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, sa nomination a été sèchement invalidée. Cette décision, qui ne manque pas d’interpeller, alimente déjà les conversations dans l’Ogooué-Lolo et bien au-delà.
Pour comprendre l’ampleur de ce rebondissement, il faut rappeler que la première annonce de sa désignation, intervenue le 13 février dernier, avait déjà provoqué une onde de choc à Lastoursville, sa région d’origine. À cette occasion, de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une monopolisation des privilèges étatiques par un cercle familial restreint.
Depuis plusieurs décennies, les familles Immongault, Mouvagha Tchioba et Missambo semblent bénéficier d’une influence continue dans cette partie du Gabon. Et la nomination de Paul Missouma n’a fait qu’exacerber une frustration latente. Ainsi, dans un contexte où les inégalités régionales sont de plus en plus contestées, cette nouvelle promotion a suscité des manifestations de colère à Lastoursville. Certains habitants n’ont d’ailleurs pas hésité à remettre en cause la Transition politique actuelle, menée par le général de Brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema, qu’ils accusent de perpétuer des pratiques issues des régimes précédents. Serait-ce la raison de l’éviction de Paul Missouma ? On est tenté de répondre par l’affirmative.
Par ailleurs, cette situation s’inscrit dans une dynamique plus large. Au Sénat de la Transition, par exemple, de nombreux observateurs dénoncent une surreprésentation des proches de Paulette Missambo. Selon plusieurs sources interrogée par notre Rédaction, cette institution, qui devait incarner une certaine équité dans la représentation nationale, semble être devenue un bastion familial. Ces allégations de favoritisme, largement relayées, viennent ainsi ternir l’image de la Transition et nourrir un sentiment de défiance au sein de la population.
Dans ce contexte, le cas de Paul Missouma prend une résonance particulière. En effet, cette invalidation constitue un nouvel échec pour celui qui, lors d’un précédent Conseil des ministres, avait été nommé aux Bourses et Stages, avant que cette décision ne soit elle aussi annulée. À ce moment-là, sa nomination au poste de Haut représentant personnel du président semblait marquer un retour en grâce. Cependant, à peine installé, il voit une fois de plus son ascension interrompue. Paulette Missambo n’aurait-elle pas assez pesé dans la discussion ? Tout le monde s’interroge. A l’évidence, il semble que oui.
En outre, cette succession de décisions contradictoires reflète les tiraillements internes qui agitent la Transition gabonaise. Si le général Oligui Nguema a promis de rompre avec les pratiques du passé, les récents événements révèlent à quel point les intérêts familiaux continuent d’influencer les processus décisionnels.
Il faut avouer que cette révocation ne fait qu’accentuer les doutes sur la capacité de la Transition à répondre aux attentes des gabonais. Les populations de Lastoursville, qui réclament depuis longtemps une gouvernance plus inclusive et équitable, restent dans l’expectative. Quant à Paul Missouma, c’est le cas de dire qu’il sort discrédité de cet épisode. En attendant le prochain rebondissement.
Laisser un commentaire