Réseaux sociaux : Quand les audios et vidéos des activistes dérapent
Par Stive Roméo Makanga
Depuis quelques mois, les réseaux sociaux gabonais sont envahis par des « audios » et des « vidéos » devenus aussi viraux qu’indigestes. Au centre de ce phénomène, quelques figures à la notoriété douteuse : Okoumba Kamitatou d’Andjogo, Lenkoulou, Nguiadoungou ou encore Princesse de Souba. Originaires du Haut-Ogooué, ces activistes se sont érigés en champions d’un genre bien particulier : la calomnie 2.0. Sous couvert d’une prétendue liberté d’expression, ils s’adonnent à des exercices de diffamation qui font frémir jusqu’aux murs des palais présidentiels. Leur cible privilégiée ? Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, son directeur de Cabinet Arthur Lemami, mais aussi tout ce qui ressemble de près ou de loin à une personnalité influente du pays.

À y regarder de plus près, ces activistes n’ont souvent pas le moindre début de preuve pour étayer leurs accusations. Leurs armes ? La crédulité d’un public parfois trop prompt à avaler des énormités et à les partager frénétiquement. Résultat : des citoyens désignés à la vindicte populaire, sans procès ni défense. Si ces « lanceurs d’alerte » avaient un véritable souci de la vérité, ils auraient pu emprunter une autre voie, celle du journalisme d’investigation, où rigueur et preuves sont de mise. Mais non, ils préfèrent la voie facile : alimenter une dynamique toxique de désinformation, sous le regard parfois complice d’une partie des internautes.
Derrière leurs productions souvent grossières, se cache pourtant une mécanique bien huilée. Il se murmure que ces activistes bénéficient de financements occultes, gracieusement fournis par des compatriotes aux intentions pour le moins troubles. Ces mécènes de l’ombre seraient en réalité les véritables marionnettistes, qui tirent les ficelles de ces campagnes orchestrées pour semer le chaos. Une situation qui engendre des interrogations pressantes : où s’arrête la liberté d’expression, et où commence la responsabilité collective face à l’image du pays ?Certes, la Constitution gabonaise est explicite. En son article 1, elle garantit la liberté d’expression et de communication, à condition qu’elle respecte l’ordre public. Les articles 94 et 14 viennent renforcer ce principe, en affirmant que tout citoyen a le droit de diffuser et d’accéder à l’information. Mais ces dispositions, bien qu’essentielles, appellent à une interprétation responsable.
Or, ces pratiques diffamatoires s’éloignent drastiquement de l’esprit de la loi. Elles ne participent ni au débat démocratique ni à la construction d’une opinion éclairée. Pire encore, elles divisent, polarisent et fragilisent une société déjà en quête de stabilité.Que faire alors ? Les autorités doivent agir. La Haute Autorité de la Communication (HAC), le Ministère de la Communication et les instances judiciaires doivent intensifier leur action pour rétablir l’ordre. Il ne s’agit pas de restreindre la liberté d’expression, mais de garantir qu’elle ne devienne pas une arme dirigée contre les citoyens eux-mêmes.
Quant aux financiers de l’ombre, ces gros bonnets qui donnent de l’argent aux activistes pour insulter, diffamer et calomnier, leur responsabilité ne saurait être éludée. Ceux qui alimentent ces campagnes nauséabondes doivent être traduits en justice. Leur rôle est central dans cette spirale de manipulation et de haine. Combien de temps encore faudra-t-il attendre pour que les mécanismes institutionnels se mettent en marche ?Le Gabon ne peut se permettre de sombrer davantage dans cette dérive. Il est urgent de rétablir un espace public où la liberté d’expression, si précieuse, se conjugue avec responsabilité et respect.
À ceux qui se demanderaient si ces « audios » marquent un point de non-retour, la réponse est sans ambiguïté : le Gabon a touché le fond. Il est plus que temps d’agir.
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