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‎Actu Entreprise / Éclairage: Quand la dette publique et privée paralyse la SOCOBA

Par ‎Michel Mbina

‎Loin d’être en faillite comme cela a été annoncée dans la presse, la société de construction bâtiment, SOCOBA-EDTPL, enregistre en réalité des difficultés dûes aux non paiements de la dette par l’Etat et par certains partenaires privés à l’instar du groupe SOBEA-SOGEA et le Comité de Suivi de la Setrag. Pour ne citer que ceux-là.

‎Créée en 1964, la société SOCOBA-EDTPL, dont le siège social se trouve dans la commune d’Owendo du Grand Libreville, est une entreprise citoyenne qui emploie 312 agents 100% gabonais.

‎Les activités de l’entreprise depuis cette date, ont toujours été diverses et variées et portées essentiellement sur le bâtiment, génie+civil, menuiserie bois, préfabrication, et production d’agrégats.

‎Pour autant, s’il est bien vrai que la SOCOBA a connu une longue période pleine d’hégémonie marquée par un entrepreneuriat dense, qui a contribué de faire d’elle, l’unique entreprise BTP au Gabon certifiée ISO, depuis 2021 sa structure financière ne cesse de se dégrader passant de 20.374.016.692 FCFA à 9.578.221.785 FCFA en 2024.

‎En clair, depuis environ 5 ans, la balance commerciale de l’entreprise est en chute libre en engendrant un cumul d’arriérés de salaires.

‎La conséquence immédiate de cette situation, c’est une détérioration du tissu social s’étant traduit par la non scolarisation des enfants de ses collaborateurs et des expulsions massives des loyers.

‎Face à ces difficultés indépendantes de sa volonté, la SOCOBA EDTPL continue de produire de gros efforts pour une normalisation la situation. Dans ce cadre, elle a procédé au paiement  successif de 3 mois de salaires en octobre. Ce qui a été perçu comme un geste salutaire, par l’ensemble de ses collaborateurs qui ont tout de suite mis un terme à la grève générale qu’ils observaient à travers tous les sites de l’entreprise ( Estuaire, Haut-Ogooué, Ogooué Maritime) en acceptant d’établir un service minimum.

‎Mais pour sortir définitivement de cette spirale négative, la SOCOBA-EDTPL a besoin de récupérer sa dette auprès de l’Etat d’une part, mais aussi auprès de certaines entreprises à l’instar du groupe Sobea-Sogea ( dont la créance se chiffre à 1.200.000.000 de FCFA), du Comité de Suivi de la Setrag ( qui a une  redevance de plus d’un milliard), et la SNBG-Olam ( dont la dette s’élève à 647 millions de FCFA).

‎Mieux, parlant du groupe Sobea-Sogea, elle avait même promis de régler sa dette d’ici  fin juin 2025, après que l’affaire ait été délibérée par la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage basée à Abidjan (Côte-d’Ivoire). Mais toujours rien à ce jour.

‎La preuve par les chiffres, on peut aisément constater que toutes ces ressources en souffrance auraient permis à la SOCOBA de repartir de l’avant. Sauf qu’il n’est toujours rien. Aussi, en dépit du volte-face de ses créanciers, la direction générale de l’entreprise sera obligée de poursuivre avec les réformes à l’instar de celles prises entre janvier 2023 et janvier 2025, période pendant laquelle l’entreprise avait mis en chômage technique 163 agents pour une durée de 6 mois. Et ce, par deux fois de suite. Sachant que durant cette même période, elle avait également procédé par deux fois, aux licenciements économiques de 53 agents ainsi que d’accorder des départs volontaires à la retraite.

‎À côté de ces réformes, la SOCOBA EDTPL espère aussi qu’elle bénéficiera d’ici là, d’importants marchés à la hauteur de son expertise et de son potentiel technique. On peut déjà saluer dans ce sens, le marché relatif aux travaux de réhabilitation de la voie bitumée PK8- Nyali Chateau-PK10 que cette entreprise vient d’obtenir des donneurs d’ordres.

‎Ce qui témoigne par ailleurs que la SOCOBA a su garder la confiance vis-à- vis du marché grâce à son professionnalisme et son savoir-faire. Toute chose qui permet d’affirmer aussi que cette entreprise citoyenne, véritable réservoir d’emplois pour les gabonais depuis plus d’un demi-siècle, est loin de disparaitre. Car son histoire, est étroitement liée à celle du BTP au Gabon. Aujourd’hui, s’il y a un plaidoyer à faire, c’est d’amener tous les  créanciers de cette  entreprise à respecter leurs engagements afin de ne pas être cités comme des facteurs bloquants à la bonne marche de la SOCOBA EDTPL. Et pour cause, l’histoire n’oublie jamais.

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